Les mots d'Edouard Philippe, le 28 avril à l'Assemblée nationale, étaient anxiogènes dans le cas où le confinement devait se poursuivre, évoquant un «risque de l’écroulement» de l'économie française : «Nous sentons que l'arrêt prolongé de la production de pans entiers de notre économie, que la perturbation durable de la scolarisation d'un grand nombre d'enfants et d'adolescents, que l'interruption des investissements publics ou privés, que la fermeture prolongée des frontières, que l'extrême limitation de la liberté d'aller et venir [...], présenteraient pour le pays, non pas seulement l'inconvénient pénible du confinement, mais en vérité celui, bien plus terrible, du risque de l'écroulement.»
«Si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai [ou alors] plus strictement», avait toutefois prévenu le Premier ministre, tout en ajoutant : «Je n’emploie pas ce terme [d'écroulement] au hasard. On me reproche bien plus souvent la litote que l'exagération.»
Le 5 mai, après une visite dans une école à Poissy (Yvelines), Emmanuel Macron s'est distingué de son chef de gouvernement, dans un entretien télévisé pour TF1 et France 2 : «Non, je n'ai pas ces grands mots.» Il ajoute malgré tout : «Je mesure avec vous le choc massif, économique. Nous sommes une nation forte. Et c'est parce que nous avons cette force, cette crédibilité, parce que depuis trois ans, le gouvernement a su mener avec courage les réformes sur lesquelles je m'étais engagées, que nous avons renforcé cette crédibilité.»
Pour autant, Le Figaro estime qu'Emmanuel Macron «a dessiné un "après" dans lequel Édouard Philippe n’aurait pas forcément sa place», dans une autre déclaration : «Nous ne sommes qu’au début de la crise économique et sociale, et donc, il nous faudra – j’aurai l’occasion d’en reparler – bâtir les solutions.»
En effet, pour le quotidien, cela traduit l'existence de deux «partitions» différentes jouées par le président et par le Premier ministre : «L'un, président, assure que "l'espoir renaît" et vante les "jours heureux" à venir. L'autre, Premier ministre, décrit "un moment critique" et appelle à attendre des "jours meilleurs". Le premier cherche à entraîner le pays, quand le second est contraint de décliner les modalités pratiques du confinement et de sa sortie.»