Pour la troisième nuit consécutive, des violences ont éclaté les 20 et 21 avril dans certains quartiers sensibles de la banlieue parisienne, quelques jours après un accident de moto-cross impliquant la police.
La porte-parole du ministère de l'Intérieur Camille Chaize a condamné auprès de l'AFP des «agissements [...] évidemment intolérables [qui] appellent une réponse de fermeté». «A ce stade, ils demeurent néanmoins de relativement faible intensité», a-t-elle ensuite précisé, avant de souligner que «pour les jours à venir, des dispositifs gradués [étaient] prévus pour l'ensemble des départements de petite et grande couronne.» La porte-parole a également assuré qu'il n'y avait «pas de problème capacitaire» en matière d'effectifs.
L'opposition à la droite de la majorité présidentielle ne se satisfait néanmoins pas de ces réactions gouvernementales, et appelle à des mesures autrement plus fermes.
Marine Le Pen exige un «désarmement des racailles»
La présidente du Rassemblement National (RN), Marine Le Pen, a tweeté le 21 avril : «L'heure est au désarmement des racailles, à leur PUNITION et à leur neutralisation». «L'heure n'est plus aux bons sentiments, aux excuses et aux politiques de la ville ruineuses», assène-t-elle.
Sur le même réseau social, le député Les Républicains Eric Ciotti a dénoncé des «commissariats en feu» (faisant peut-être référence à une source policière, citée par l'AFP, qui avait fait état de jets de cocktails Molotov contre un poste de police à Strasbourg, avant que la police nationale du Bas-Rhin ne démente), des «pompiers et policiers attaqués». Partant, il a appelé à «l'intervention de l'armée et à un couvre-feu».
A droite encore, le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a dénoncé à son tour les violences contre les forces de l'ordre. «La racaille provoque les Français confinés, se moque des règles sanitaires, tire au mortier sur nos forces de l'ordre... Exigeons la tolérance zéro pour ces voyous, faisons-nous enfin respecter», a-t-il écrit sur Twitter le 20 avril.
Il a établi un parallèle entre ces événements et la baisse du nombre de personnes détenues dans les prisons de près de 8 000 en un mois, baisse décidée dans le but de réduire les risques de propagation du virus en milieu pénitencier. «Pendant que les voyous provoquent des émeutes en toute impunité, [la ministre de la Justice Nicole Belloubet] libère 10 000 détenus», a-t-il tweeté le 21 avril.
La gauche semble pour l'instant assez muette sur le sujet. Le député La France Insoumise (LFI) Alexis Corbière a cependant retweeté une séquence de la vidéo tournée en direct à Villeneuve-la-Garenne par le journaliste et militant Taha Bouhafs de la nuit du 19 au 20 avril, sans ajouter de commentaire.
Violences nocturnes en banlieue parisienne et à Strasbourg
Des tensions et des violences visant les forces de l'ordre ont éclaté au cours des trois dernières nuits à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), après l'accident d'un motard impliquant la police, le 18 avril. Une enquête a été ouverte par le parquet de Nanterre pour en déterminer les circonstances exactes et l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a également été saisie.
Opéré pour une fracture du fémur dans la nuit du 18 au 19 avril, le trentenaire a été transféré dans un hôpital parisien le 20 avril pour une seconde intervention.
Selon un document du bureau du procureur de la République près le Tribunal judiciaire qui détaillait le profil pénal du conducteur accidenté, ce motard est un «homme de 30 ans, condamné à 14 reprises, notamment pour infractions à la législation sur les stupéfiants, refus d'obtempérer, violences aggravées, extorsion... et plusieurs fois incarcéré», qui a fait l'objet de trois verbalisations pour violation du confinement.
D'autres villes de banlieue parisienne, mais aussi à Strasbourg, ont été le théâtre de violences similaires ces dernières nuits, bien que le lien entre ces événements et l'accident de moto-cross n'a pas été établi par les autorités.