Moins d'une semaine après l'allocution d'Emmanuel Macron, lors de laquelle le président avait annoncé le prolongement du confinement jusqu'au 11 mai, le Premier ministre Edouard Philippe, aux côtés du ministre de la Santé Olivier Véran, du directeur général de la santé, Jérôme Salomon, et de l'infectiologue Florence Ader, a présenté, le 19 avril, les grands «principes [...] retenus pour préparer le plan» de déconfinement.
Selon le chef du gouvernement, «la situation s’améliore progressivement». Ce qui ne veut pas dire pour autant que les Français soient «sortis de la crise sanitaire» du Covid-19. Imaginer que la crise serait d'ores et déjà dépassée «serait une erreur», a-t-il fait savoir au cours de cette conférence de presse de plus de deux heures.
Appel au «respect des gestes barrières», «multiplication des tests rapides» et mesures visant à «isol[er] des porteurs du virus», ne sont que quelques-unes des principales annonces, d'ordre sanitaire, formulées par les deux membres du gouvernement :
- Le nombre d'hospitalisations et d'admissions en réanimation recule depuis 11 jours mais le bilan continue de s'alourdir, avec 19 718 morts depuis le début de l'épidémie (395 supplémentaires en 24 heures), dont 12 069 en milieu hospitalier et 7 649 au sein des établissements sociaux et médicaux.
- «Notre vie à partir du 11 mai ce ne sera pas exactement la vie d'avant le confinement. Nous allons apprendre progressivement à organiser notre vie collective avec ce virus. Nous allons devoir apprendre à vivre avec le virus», a averti Edouard Philippe, qui n'a toutefois pas précisé sur le plan gouvernemental du déconfinement, qui sera présenté «dans les 15 jours».
- Le Premier ministre a insisté sur la nécessité de maintenir les «gestes barrières» et la «distanciation sociale» après la fin du confinement, soulignant que chaque commerce, sauf les cafés et restaurants qui resteront fermés, devra mettre à disposition des clients du gel hydroalcoolique «à l'entrée du magasin ou juste avant la caisse».
- Les autorités françaises prévoient la «production d’environ 17 millions de masques par semaine» (contre huit millions la semaine passée), notamment par la filière de l’industrie textile. Par ailleurs, «il est probable que s'agissant des transports publics [tout comme d'autres lieux], où la densité est mécaniquement assez forte, il soit obligatoire de porter un masque grand public», a déclaré Edouard Philippe. En attendant, le gouvernement va «déstocker cinq millions de masques supplémentaires» pour les professions médicales.
- Souhaitant atteindre les 500 000 tests PCR par semaine à partir du 11 mai (contre 25 000 actuellement), Olivier Véran a précisé que seules les personnes symptomatiques ou ayant été au «contact» d'individus contaminés par le Covid-19 seraient testées. «Aucun pays au monde ne teste toutes les personnes asymptomatiques», a-t-il ajouté. Edouard Philippe a ensuite précisé : «Tester puis isoler : si vous êtes porteur du virus, vous aurez le choix entre un confinement à domicile ou dans un hôtel mis à disposition. Ce sont des décisions lourdes mais cette méthode est la seule qui pourra limiter la circulation du virus», a ensuite précisé .
Une réouverture des écoles le 11 mai qui risque d'être confuse
Quant aux mesures d'ordre socio-économique annoncées par Edouard Philippe et Olivier Véran, en voici les principales :
- «Nous devons commencer à réouvrir les écoles pour répondre à l'impératif de continuité de la vie de la nation», a confirmé le Premier ministre. Et d'ajouter – ce qui ne parviendra certainement pas à apaiser les craintes des syndicats d'enseignants : «Les écoles n'ouvriront pas partout le 11 mai et ne fonctionneront pas partout le 11 mai dans les conditions dans lesquelles elles fonctionnaient [...] avant les mesures de confinement.»
- «L’impact de cette crise sanitaire [...] sera la plus forte récession depuis 1945 [en France]» avec un recul du PIB de «près de 10%», a-t-il été rappelé. Ainsi, «sauvegarder aujourd'hui, relancer demain» semble être le credo du gouvernement pour les semaines voire les mois à venir.
- «Dans toute la mesure du possible, il faudra poursuivre le télétravail après le 11 mai. Là où ce n'est pas possible, il faudra que les règles d'organisation de l'entreprise respectent les mesures barrières et la distanciation sociale», a préconisé Edouard Philippe.
- De son côté, le ministre de la Santé a annoncé un «droit de visite», dès le 20 avril, dans les Ehpad et les établissements accueillant des personnes en situation de handicap, «sous la responsabilité du directeur d’établissement et dans le cadre d’un protocole strict».
- Enfin, le chef du gouvernement craint qu'il ne soit «pas raisonnable d’imaginer voyager loin à l’étranger très vite ». Et de poursuivre à propos des mariages : «Il ne m'apparaît pas complètement raisonnable d'imaginer qu'un mariage de 200 personnes dans un endroit confiné soit immédiatement réalisable.»
Signe que la pandémie frappe de plein fouet l'économie française, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a annoncé le lendemain, ce 20 avril, que 9,6 millions de salariés étaient actuellement au chômage partiel, soit près d'un salarié du privé sur deux. La ministre a appelé les chefs d'entreprises, lors d'une interview sur RTL, à reprendre leur activité s'ils le pouvaient.