La directrice de la rédaction de l'hebdomadaire Marianne Natacha Polony s'est entretenue avec RT France, le 14 avril, après l'allocution télévisée du président Emmanuel Macron , sur la gestion de la crise sanitaire du Covid-19. Lors de ce discours, le chef de l'Etat a notamment annoncé la prolongation du confinement jusqu'au 11 mai, la réouverture progressive des crèches et établissements scolaires à partir de cette même date et la mise en place d'un «masque grand public» à disposition de chaque Français.
«Première chose que l'on peut dire, c'est qu'Emmanuel Macron a été concret, a apporté des réponses sur l'organisation, ce qui permet aux Français de savoir à quoi s'attendre», estime Natacha Polony au début de l'interview. «Après, il n'a pas répondu aux questions essentielles qui permettent de discuter de ce qui va se passer», notamment «la question des tests et des masques qui permettent d'être en sécurité», estime-t-elle ensuite.
«Il va falloir aller un petit peu plus loin dans la vérité »
La directrice de la rédaction de Marianne revient ensuite sur la nécessité de transparence du gouvernement dans sa gestion de la crise sanitaire. «Les Français ont besoin de savoir de combien de tests on dispose et comment ils seront mis en œuvre», juge-t-elle, avant d'ajouter : «Or, pour l'instant, le président continue à dire "On ne vas pas tester tout le monde, ça ne sert à rien". Mais si ça ne sert à rien, pourquoi l'Allemagne le fait ? L'Allemagne qui s'en sort beaucoup mieux que nous». Et de considérer : «Ne recommençons pas cette erreur qui consiste à habiller la pénurie par un discours [...] faux. Il va falloir aller un petit peu plus loin dans la vérité des choses.»
Une autre conséquence des mesures de restriction des déplacements est la paralysie quasi-totale de l'économie française, à l'impact considérable. «Pour la restauration et l'hôtellerie, l'annonce [du président] est une catastrophe absolue», mesure Natacha Polony. Et de poursuivre : «Je pense que ce n'est que le début de la crise économique à venir. Or, ce qui est à craindre, c'est que l'Union européenne, par exemple, se déchire à nouveau. [...] On se souvient qu'après la crise de 2008, c'est la demande d'orthodoxie budgétaire trop rapide qui a grippé la reprise.»
Il va falloir réindustrialiser le pays, [...] faire en sorte que l'agriculture française puisse réellement développer ses produits
Enfin, Natacha Polony a formulé à RT France quelques-unes des solutions qui lui semblent nécessaires pour redresser l'économie française – solutions qui, pour certaines, impliquent un changement profond de politique. «Il va falloir réindustrialiser le pays, [...] faire en sorte que l'agriculture française puisse réellement développer ses produits», préconise-t-elle. Et de continuer : «On ne va pas en vouloir [à Emmanuel Macron] d'avoir compris que son modèle était absolument catastrophique dans un moment de crise comme celui-ci.»