France

Indépendance industrielle, plan massif pour la santé... Macron converti au souverainisme ?

Lors de son allocution du 13 avril, le président de la République française, Emmanuel Macron, a dessiné les contours d'un «monde d'après» empreint de plus de souverainisme et d'intervention de l'Etat. Vœux pieux ou rupture réelle ?

Au fil de ses allocutions télévisées, Emmanuel Macron trace les contours du monde d'après la pandémie de Covid-19. Et sa ligne politique originale plutôt tournée vers l'Union européenne et l'économie de marché pourrait progressivement se teinter de souverainisme et d'indépendance, notamment dans les secteurs agricole et industriel.

Emmanuel Macron s'est-il converti au souverainisme ? D'innombrables commentateurs ont, depuis le début de la crise du nouveau coronavirus, appelé à profiter de la tragédie sanitaire pour repenser le modèle français, notamment dans les rangs de l'opposition, de la gauche anti-capitaliste à la droite souverainiste, en passant par les écologistes.

Le président de la République française les a-t-il entendus ? Il a, en tout état de cause, annoncé le 13 avril son intention de rebâtir l'indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique de l'Hexagone et a de nouveau évoqué un «plan massif» concernant la santé, la recherche et les aînés en ces termes : «Il nous faudra rebâtir notre économie, garder notre indépendance financière, agricole, sanitaire, et plus d’autonomie stratégique pour notre Europe. Cela passera par un plan massif pour notre santé, notre recherche, nos aînés, entre autres», a-t-il déclaré lors de son allocution télévisée aux Français. Avant d'inviter : «Sachons nous réinventer, moi le premier.» 

Pour le moment, les déclarations du chef d'Etat du 12 mars et du 13 avril relèvent essentiellement de l'incantation, mais il a déjà promis certaines ruptures politiques avec ce qu'il convenait d'appeler le «macronisme». A ce titre, on peut notamment relever un plan de relance aux niveaux national et européen, avec plus d'intervention de l'Etat dans l'Economie, ainsi qu'une prise en charge de l'indemnisation des salariés contraints de rester chez eux.

Surtout, Emmanuel Macron avait déjà évoqué le 12 mars une santé  en «dehors des lois du marché», loin des critiques des syndicats hospitaliers qui n'ont eu de cesse de dénoncer depuis plusieurs années la recherche de la rentabilité dans le milieu hospitalier public.

Or, ainsi que l'a déploré Emmanuel Macron : «Il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays aujourd'hui tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal.»