France

Masques «grand public» : Emmanuel Macron confirme le revirement de la doctrine du gouvernement

Le président a évoqué l'idée d'imposer au-delà du 11 mai le port du masque «systématique», notamment dans les transports en commun. Une annonce qui fait suite à des semaines de polémique sur ce dossier, alimentées par le flou gouvernemental.

Dès le début de son allocution télévisée du 13 avril, le président a abordé la question des masques dans la partie de son discours consacrée à son mea culpa. Mais au-delà de la question de l'impréparation de la France (qu'il a reconnue) sur les stocks de masques et de la difficulté de protéger le personnel soignant et les professions exposées, le président a aussi évoqué la question d'un masque «grand public» destiné à équiper la population tout entière.

Le président a ainsi annoncé qu'à partir du 11 mai et en «lien avec les maires [...] l'Etat devra[it] permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public» pour se protéger et protéger les autres contre le coronavirus. 

«Pour les professions les plus exposées et pour certaines situations comme dans les transports en commun, son usage pourrait devenir systématique», a-t-il précisé, appelant à «continuer à appliquer» les «gestes barrière». 

D'abord écartée, voire décrédibilisée par l’exécutif, la question du port généralisé du masque dans les espaces publics a pris de plus en plus de place dans le débat sur l'après-confinement. Le 3 avril, l'Académie de médecine a notamment estimé que le masque «grand public» devrait être rendu obligatoire pour les sorties pendant et après le confinement. Au niveau local, les maires de Nice (Christian Estrosi, LR) et Cannes (David Lisnard, LR) avaient notamment annoncé qu'ils travaillaient à la distribution de masques à tous leurs administrés. 

Plus inconfortable pour l'exécutif, un sondage Odoxa diffusé le 9 avril montrait que trois Français sur quatre (76%) pensaient que le gouvernement leur avait «caché la vérité» pour les dissuader de porter des masques de protection contre le coronavirus en raison de la pénurie. De son côté, le ministre de la Santé Olivier Véran avait répondu le 7 avril d'un «peut-être» à une question concernant le bien-fondé du port généralisé du masque, estimant, en écho à l'OMS, que ce type de mesures pourrait inciter les personnes à être moins vigilantes sur les gestes barrière. Le président semble donc avoir tranché sur cette question en suspens. 

Plusieurs pays d'Europe centrale comme la République tchèque, la Slovaquie, l'Autriche ou la Slovénie imposent déjà le port du masque à des degrés plus ou moins stricts en public. En Italie, la Lombardie a rendu le port du masque obligatoire en public tandis que la Toscane a entrepris d'en fournir trois à chaque citoyen.