A l'heure où le personnel médical est en première ligne dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, les propos tenus par le directeur de l'Agence régionale de Santé (ARS) Grand Est, Christophe Lannelongue, dans un entretien avec le quotidien régional L'Est Républicain en date du 4 avril, ont suscité l'ire du maire de Nancy, Laurent Hénart, et du président de la commission médicale du CHRU (centre hospitalier régional universitaire) de Nancy, Christian Rabaud.
Interrogé sur l'avenir de l'établissement après la crise sanitaire due au Covid-19, Christophe Lannelongue a confirmé les orientations du Copermo (le comité interministériel de performance et de la modernisation de l'offre de soins) qui avait prévu, en juillet 2019, la suppression de 598 postes et 174 lits d'ici 2025. «Il n'y a pas de raison de remettre en cause le Copermo pour le CHRU de Nancy. Le dossier devrait être examiné début juin […] La trajectoire reste la même», avait-il affirmé lors de l'entretien avec L'Est Républicain.
«C'est inacceptable et indécent»
Profondément indigné par les paroles du directeur de l'ARS Grand Est, le maire de Nancy, également président du conseil de surveillance du CHRU de la ville, s'était exprimé auprès du quotidien régional : «C'est inacceptable et indécent. Venir parler du Copermo et des suppressions de lits en pleine crise du coronavirus est insultant. C'est blessant pour tout le personnel soignant de dire, pendant qu'il mène le combat, que l'on va compter les munitions !»
Véran annonce la suspension des «projets de réorganisation»
«En soutien aux équipes [du] CHRU de Nancy mobilisées contre l'épidémie [de] Covid19 et en réponse à certains propos parus dans la presse», Laurent Hénart et Christian Rabaud se sont alors empressés de rédiger un courrier, publié sur Twitter, adressé au Premier ministre, Edouard Philippe, ainsi qu'au ministre de la Santé, Olivier Véran.
Mathieu Klein, président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle (54), s'est quant à lui adressé au président Emmanuel Macron «pour lui demander d'annuler la dette de l'hôpital public et notamment du CHRU de Nancy» et de «ne pas engager de suppressions de postes supplémentaires».
En retour, le ministre de la Santé Olivier Véran s'est dit favorable à la suspension de ce type de mesures en attendant la sortie de crise. «A Nancy comme partout, l'heure est à la mobilisation de tous pour faire face au Covid-19. L'heure viendra de tirer les enseignements de cette crise sans précédent et de refonder notre hôpital. Tous les plans de réorganisation sont évidemment suspendus à la grande consultation qui suivra», a-t-il affirmé ce 5 avril sur Twitter.