France

Test de vaccin en Afrique : M'jid El Guerrab saisit le procureur pour des propos «discriminatoires»

L'élu M'jid El Guerrab, qui représente les Français établis au Maghreb et en Afrique de l'Ouest, a annoncé avoir saisi le procureur de Paris au sujet de propos «à la fois injurieux et discriminatoires» tenus sur LCI par des scientifiques.

Le député de la 9e circonscription des Français de l'étranger M'jid El Guerrab a annoncé avoir saisi la justice après le tollé provoqué par deux scientifiques invités le 1er avril à s’exprimer sur LCI au sujet des recherches concernant l'application du vaccin antituberculeux BCG à la lutte contre le Covid-19. 

Invité sur le plateau de LCI le 1er avril, Jean-Paul Mira, chef de service de médecine intensive et réanimation à l'hôpital Cochin, avait demandé à Camille Locht, directeur de recherche à l'Inserm à Lille : «Si je peux être provocateur, est-ce qu'on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n'y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation, un peu comme c'est fait d'ailleurs sur certaines études avec le sida, ou chez les prostituées : on essaie des choses parce qu'on sait qu'elles sont hautement exposées. Qu'est-ce que vous en pensez ?» Le chercheur lui avait alors répondu : «Vous avez raison.» Les deux scientifiques avaient présenté leurs excuses après les vives protestations suscitées par leur sortie. 

Le message est clair : "Testons sur les Africains et si aucun drame ne survient, distribuons aux Européens"

«On a tous été choqués d'avoir un échange hors du temps, une discussion qui était au début très sérieuse et qui petit à petit arrive à une forme de provocation», a réagi M'jid El Guerrab sur RT France.

«Je n'ai pas porté plainte, j'ai simplement saisi le procureur de la République [en vertu de l'article 40 du code de procédure pénale», a poursuivi l'ancien élu de La République en marche, qui précise ne pas «vouloir s’acharner sur telle ou telle personne notamment des médecins ou des chercheurs». «Est-ce que ce type de propos sur une chaîne d'information, une chaîne de grande écoute, peuvent être tenus ?», s'est interrogé le député, avant de dénoncer des propos qui «semblent avoir un caractère discriminatoire raciste». 

Dans un communiqué du 4 avril, le parlementaire avait en outre jugé que ces commentaires étaient «d'autant plus choquants et malvenus qu'à cette heure l'Afrique est relativement épargnée par la pandémie, à la différence de l'Europe qui en constitue l'épicentre.»

«Le message est clair : "Testons sur les Africains et si aucun drame ne survient, distribuons aux Européens". Il s'agit là d'une invitation, voire d'une exhortation, à un traitement différencié en fonction de l’origine», estimait en outre le texte. 

Dans son communiqué, le député avait précisé avoir saisi le procureur de Paris pour des propos jugés «à la fois injurieux et discriminatoires». 

L'ancien macroniste, qui siège désormais au sein du groupe parlementaire Libertés et territoires, avait précédemment signé avec une trentaine de députés, pour la plupart LREM, une lettre ouverte aux deux scientifiques, estimant que leurs propos s'inscrivaient directement dans le prolongement «de ce que l'humanité a donné de pire à observer durant l'histoire : nous parlons ici de la Shoah, de l'esclavage et de la colonisation».