France

Covid-19 : une séquence sur le test d'un vaccin en Afrique fait polémique

Le débat entre un chercheur de l'Inserm et un médecin sur LCI, évoquant la possibilité de tester un vaccin contre le coronavirus en Afrique, a créé la polémique, notamment sur Twitter.

«Bienvenue en occident, là où le blanc se croit tellement supérieur que racisme et débilité deviennent banalité. TIME TO RISE [Il est temps de se soulever].» C’est ainsi qu’a réagi le footballeur sénégalais du Basaksehir FK (Turquie), Demba Ba, à une séquence diffusée sur LCI le 1er avril. En plateau dans la vidéo en question, le chef du service réanimation de l’hôpital Cochin à Paris, Jean-Paul-Mira, discute avec Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), par visioconférence, à propos des études sur un vaccin contre le coronavirus.

«Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation ? Un peu comme c’est fait d’ailleurs pour certaines études sur le Sida. Chez les prostituées, on essaye des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées et qu’elles ne se protègent pas», explique Jean-Paul Mira.

«Vous avez raison, on est d’ailleurs en train de réfléchir à une étude en parallèle en Afrique», lui répond son interlocuteur. La scène passe dans un premier temps quasiment inaperçue avant d’être reprise sur Twitter, sans aucun commentaire, par le rappeur orléanais Dosseh.

Par la suite de nombreuses personnalités ont réagi à la séquence au premier rang desquels des joueurs de football africains.

«Il est totalement inconcevable que nous continuions à devoir mettre en garde contre cela. L'Afrique n'est pas un laboratoire d'essais. Je voudrais dénoncer des paroles dégradantes, fausses et surtout profondément racistes […] Ne prenez pas les Africains pour des cobayes humains! C'est absolument dégoûtant... Les dirigeants africains ont la responsabilité de protéger leurs populations contre ces horribles complots», a tempêté, toujours sur le réseau social, l’Ivoirien Didier Drogba, ancienne légende de l'Olympique de Marseille et du Chelsea FC.

Il a été imité par le Camerounais Samuel Eto'o, dans un style plus direct, qualifiant les intervenants de «fils de putes» sous la publication de Demba Ba.

«Pourquoi ces médecins veulent prendre l’Afrique comme cobaye..?», s’est demandée la journaliste de CNews Christine Kelly.

Le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, a précisé vouloir que son association «interpelle le CSA suite à cette séquence et étudie les suites à donner à de telles déclarations».

De son côté, le syndicat des travailleurs et travailleuses du sexe (STRASS) a également dénoncé les propos des deux scientifiques toujours sur Twitter : «Les travailleuses du sexe africaines et en Asie servent régulièrement de cobayes. Assez des essais non éthiques au profit des labos occidentaux tandis que l'accès aux traitements reste réduit aux pays riches.»

Visiblement gêné aux entournures, l’Inserm a publié un communiqué, le 2 avril. «Une vidéo tronquée, tirée d’une interview sur LCI d’un de nos chercheur à propos des études sur l’utilisation potentielle du vaccin BCG contre le Covid-19, fait actuellement l’objet d’interprétations erronées», assure l’institut, dénonçant une «fake-news».

«L’Afrique ne doit pas être oubliée ni exclue des recherches car la pandémie est globale. Si les essais internationaux étaient concluants, le vaccin BCG pourrait être une grande aide pour protéger les soignants», est-il souligné dans le document.