Le Monde et France culture ont proposé à deux célébrités, respectivement Leïla Slimani et Lou Doillon, de décrire le 18 mars, leur premiers jours de confinement. Cet étalage de leur vie n'a pas du tout été apprécié par les internautes qui pour une bonne partie d'entre eux le jugent «indécent».
Leïla Slimani et Lou Doillon ont en effet une vision idyllique de la situation. «Cela ressemble aux histoires qu’on invente à Hollywood, à ces films que l’on regarde en se serrant contre son amoureux», écrit ainsi l'écrivain Leïla Slimani, débutant son histoire de début de confinement ainsi : «Par la fenêtre de ma chambre, j’ai regardé l’aube se lever sur les collines. L’herbe verglacée, les tilleuls sur les branches desquels apparaissent les premiers bourgeons.»
Résidant dans une demeure de campagne, elle voit dans le confinement, «une aubaine» pour l'écrivain qu'elle est : «Soyez certain que dans des centaines de chambres du monde entier s’écrivent des romans, des films, des livres pour enfants, des chansons sur la solitude et le manque des autres. Je pense à mon éditeur qui va crouler sous les manuscrits.» Elle confesse toutefois qu'elle «n’arrive pas à penser ni à écrire» en pareille circonstance.
La lauréate du Goncourt 2016 explique comment elle narre le confinement à ses enfants : «Je leur ai dit que c’était un peu comme dans la Belle au bois dormant. Pour que la princesse ne meure pas en se piquant au doigt, les fées ont pris la décision de l’endormir, elle et tous ses proches, pendant 100 ans.» «Nous aussi, nous allons devoir prendre du repos, rester chez nous et un jour, tout comme le prince sauve la belle d’un baiser, nous pourrons nous embrasser à nouveau», poursuit-elle, en rapportant les propos tenus par ses enfants, en conclusion de son premier texte de son «journal de bord» : «On l’aime ce virus. C’est quand même grâce à lui qu’on est en vacances.»
Cette vision rose du coronavirus et du confinement a jeté un froid sur les réseaux sociaux. Le Monde publiant en outre sur Twitter une photo de Leïla Slimani à une fenêtre de sa maison, souriante. «Salut les pauvres. Ça se passe bien dans votre 15 mètres carré à trois ? Pour passer le temps et descendre la pression du confinement, vous pouvez toujours lire le journal de bord d'un écrivain dans sa maison familiale à la campagne hein. On n'est pas bien là ?», tweete notamment le journaliste Nicolas Quénel en réaction.
«L’indécence de ce texte. Le pire, c’est qu’elle ne s’en rend probablement pas compte...», écrit pour sa part l'économiste Thomas Porcher.
Le média France Culture a lui aussi senti que les Français pouvaient s'intéresser à la vie de stars confinées. C'est pourquoi la radio s'est tournée vers le mannequin Lou Doillon, avec pour introduction : «Lou Doillon profite du confinement pour plonger encore plus intimement dans la chanson, le live, la lecture, le dessin. Pour s’amuser, découvrir et pourquoi pas sortir plus humaine d’une quarantaine qui pourrait nous être salutaire.» La fille de Jane Birkin se serait ainsi réfugiée dans une maison «au fond d’une petite cour au fond du 11e arrondissement», qu'elle dépeint comme une «grotte», s'assimilant de fait comme une «ermite». Un confinement qui semble donc lui plaire : «La vie que j’ai toujours menée et mes étranges métiers font que ça ressemble à mon quotidien.» Elle dit avoir un «planning» entre la lecture, l'écriture, le chant, l'apprentissage des «chansons des autres», le dessin et la fabrication de «choses»... Elle a tout de même une «grande peine» : «C’est qu’on ne considère pas les magasins de fourniture de dessin essentiels à la nation !»
Malgré cela, elle se réjouit globalement du confinement dans sa maison parisienne : «On va avoir le temps de faire, de défaire, d’imaginer [...] Je pense que c’est une merveille et que ça peut changer les choses, pour le mieux.»
Là aussi, internet ne fait pas de pitié. «J’attends plutôt le journal du soignant, de la caissière ou de l’employé Amazon que le journal du confinement de Lou Doillon», tweete un internaute.
Une autre internaute est aussi critique : «L’indécence n’est malheureusement toujours pas confinée elle. Leila Slimani, Lou Doillon... perso ces mauvaises confessions d’enfants d’un siècle égoïste me fatiguent assez.»
Les citoyens s'indignent largement et voient généralement dans les chroniques de ces deux stars l'illustration d'une différence de classes sociales entre ceux qui ont de l'argent et peuvent se permettre de profiter du confinement et les autres.