France

Contrôles de confinement : sans protection, une compagnie de CRS invoque le droit de retrait

Une compagnie de CRS a fait valoir son droit de retrait le 18 mars, selon un document confié à RT France par une source policière. Les fonctionnaires évoquent notamment le besoin de protéger leur santé et celle de leurs familles.

Selon le document ci-dessous, communiqué à RT France par une source policière, les fonctionnaires d'une Compagnie républicaine de sécurité autoroutière ont fait valoir leur droit de retrait en raison du manque de protections individuelles face à la crise sanitaire du covid-19. Ces derniers opèrent dans les départements du Rhône, de l'Ain et de l'Isère. 

Les CRS concernés ont invoqué ce droit de retrait «pour assurer leur sécurité et celle de leurs familles» après avoir constaté l'absence de masques FFP2 et de gants en latex pour réaliser les contrôles de confinement face au public.

La source policière qui a confié ce document à RT France a précisé : «Certains croyaient à un fake, mais non, on a vérifié auprès de l'état-major. C'est bien réel.»

La crise couve déjà depuis plusieurs semaines dans les rangs de la police nationale et a culminé avec injonctions hiérarchiques, entendues sur les ondes policières, les invitant à ne pas porter les masques pendant les contrôles de confinement le 18 mars. Cette fois c'en est trop pour les partenaires sociaux.

Le syndicat Unité-SGP a menacé d'appeler au droit de retrait dès le 18 mars dans la soirée, tandis que le syndicat Alliance a appelé les fonctionnaires à l'exercer au matin, ce 19 mars. Même tonalité chez les associations de policiers en colère qui appelaient leurs collègues à faire usage du droit de retrait le 18 mars également.

Une autre source policière contactée a expliqué à RT France que l'exercice du droit de retrait n'était pas si simple pour les policiers et qu'à son sens, il y avait une certaine «démagogie» dans cet appel lancé par les grands syndicats.

Dans une publication sur son compte Facebook l'Union des policiers nationaux indépendants le 18 mars, a félicité le commandant de police de la CRS qui a pris acte du droit de retrait de ses collègues : «Nous félicitons ce Commandant d'une CRS autoroutière qui, garant de l'intégrité de ses effectifs et de leurs proches, a dit NIET ! Et probablement bien plus encore... Contrôle covid-19 : Négatif.»

Castaner réagit : les policiers «ne sont pas en risque»

Interrogé au sujet d'un possible débrayage de la police nationale au micro d'Europe 1 ce 19 mars, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a répliqué qu'à son sens, les policiers n'étaient «pas en risque» face au virus lors des contrôles auprès du public. A ce titre, le ministre estime que la condition du «danger grave et imminent» du droit de retrait ne peut être retenue en l'espèce.

Il a simplement rappelé aux gendarmes et aux policiers qu'il convenait de respecter les barrières et de ne pas prendre les attestations en main, notamment.

Le ministre a déclaré : «Je veux passer un message de confiance et rassurer les personnels : non ils ne sont pas en risque. Le risque c’est plutôt de mal porter et de porter de façon continue le masque. [...] Nous ne sommes pas dans la situation des personnels de santé qui sont confrontés directement à des malades. Ce qui compte c’est que [les policiers] puissent avoir ces gestes barrières, et qu’en cas de confrontation à une personne qui a les signes du covid-19 ou qui indique qu’elle a le covid-19, ils puissent se saisir des masques, qu’ils doivent avoir à proximité.» 

Après ces propos du ministre, la répartie d'une association de policiers en colère, l'Union des policiers nationaux indépendants, n'a pas tardé à arriver ce même 19 mars, sur Twitter : 

Antoine Boitel