France

Le Royaume-Uni a remis Alexandre Djouhri aux autorités judiciaires françaises

Alexandre Djouhri, impliqué dans le dossier du financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, a été remis aux autorités françaises par leurs homologues britanniques. Il devait être présenté au pole financier du tribunal de Paris.

Alexandre Djouhri, protagoniste clé de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, a été remis aux autorités judiciaires françaises à son arrivée dans la soirée du 30 janvier à l'aéroport de Roissy, selon des sources judiciaire et aéroportuaire, citées par l’AFP et BFMTV.

L'homme d'affaires de 60 ans, dont la justice britannique a ordonné la remise à la France, a été transféré dans les locaux de la police aux frontières de l'aéroport parisien et devrait être présenté dans les prochaines 24 heures aux magistrats du pôle financier du tribunal de Paris. L'homme d'affaires franco-algérien avait été arrêté en janvier 2018 à l'aéroport de Londres en vertu de mandats d'arrêt européens émis par la justice française, notamment pour «détournements de fonds publics» et «corruption». Hospitalisé après une série d'accidents cardiaques, il avait été assigné à résidence dans la capitale britannique, après avoir payé 1,13 million d'euros de caution.

Deux ans de bataille judiciaire

Après deux ans de bataille judiciaire, une cour britannique avait confirmé le 22 janvier la décision, rendue en février 2019 par le tribunal de Westminster, de le remettre aux magistrats anticorruption français. Alexandre Djouhri est très attendu par les magistrats français qui souhaitent le mettre en examen, les investigations ayant mis au jour plusieurs flux financiers suspects l'impliquant dans l'affaire libyenne. 

Le nom de ce proche de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, puis de Claude Guéant, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, est notamment apparu dans l'enquête pour la vente en 2009 d'une villa située à Mougins, sur la Côte-d'Azur, à un fonds libyen géré par Bachir Saleh, ancien dignitaire du régime de Khadafi. Alexandre Djouhri est soupçonné d'en avoir été, derrière plusieurs prête-noms, le véritable propriétaire et de l'avoir revendue à un prix surévalué, permettant de dissimuler d'éventuels versements occultes du régime. «C'est l'imaginaire et la machination, j'ai jamais eu de villa en prête-nom et j'ai jamais vendu de villa à Bachir Saleh», s'était-il défendu en mars dernier sur LCI.

Lors d'une perquisition à son domicile à Genève en mars 2015, la découverte d'un RIB au nom de Claude Guéant avait aussi intrigué les magistrats. Ceux-ci soupçonnent le bras droit de Nicolas Sarkozy d'avoir reçu 500 000 euros pour rétribuer diverses interventions en faveur d’Alexandre Djouhri, notamment auprès d'EADS (devenu Airbus group) à qui l'homme d'affaires aurait réclamé plusieurs millions d'euros de commission pour une vente d'avions à la Libye. Claude Guéant a toujours soutenu que cette somme était le fruit de la vente de deux tableaux de peinture flamande.

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