France

«Agnès Buzyn attend quoi ?» : la ministre de la Santé critiquée pour sa gestion du coronavirus

Alors que les premiers cas de coronavirus ont été confirmés en France, la ministre de la Santé est critiquée pour le peu de contrôles effectués dans les aéroports. Mais Agnès Buzyn garde son cap et affiche sa sérénité face au risque de propagation.

«Le risque d’introduction en France est faible mais ne peut pas être exclu» : le 21 janvier, Agnès Buzyn affichait sa sérénité face à une potentielle arrivée du coronavirus chinois sur le territoire français. Sa solution : des messages de précaution dans les avions directs pour Wuhan – épicentre du virus – et des affiches informatives dans les aéroports. Pas de contrôle aux frontières donc, comme cela a été mis en place aux Etats-Unis par exemple où des vérifications de la température des voyageurs ont lieu.

En Europe, plusieurs pays comme le Royaume-Uni ou l'Italie ont également instauré des mesures de précaution pour éviter toute contamination. «On nous a demandé nos coordonnées si d'aventure il se passait quelque chose mais c'est tout», ont témoigné à leur arrivée à Paris des passagers d'un vol en provenance de la Chine.

Le ministère de la Santé dit suivre les recommandations de l'OMS

«Nous nous conformons aux recommandations de l'OMS», s'est justifiée Agnès Buzyn. L'Organisation mondiale de la santé «ne recommande aucune mesure sanitaire particulière concernant les voyageurs», explique-t-elle dans un communiqué publié sur son site le 23 janvier. Ajoutant que «le Comité [de l'OMS] se tient prêt à une nouvelle convocation dans dix jours environ, ou plus tôt si le directeur général le juge nécessaire».

Le 24 janvier, Agnès Buzyn était toujours aussi confiante. «Le risque d'importation de cas depuis Wuhan est modéré, il est maintenant pratiquement nul puisque la ville [...] est isolée», a-t-elle déclaré le 24 janvier à l'issue du conseil des ministres. Force est de constater que les affiches de prévention n'ont pas dissuadé le coronavirus. Quelques heures après cette prise de parole, trois personnes en France ont en effet été déclarées infectées par le nouveau coronavirus 2019-nCoV. Il s'agit des premiers cas recensés en Europe.

De nombreuses critiques

De quoi interroger sur l'efficacité des mesures mises en place par le ministère de la Santé, cible de vives critiques depuis le début de la propagation du virus. «Agnès Buzyn attend quoi pour prendre les mesures nécessaires ?», se questionne un internaute sur les réseaux sociaux. «Les mesures existent pourtant pour limiter et surtout empêcher tout avion en provenance de Chine d'atterrir en France. Seulement, il suffit d'un peu de courage de politique», ajoute un autre utilisateur de Twitter.

Du côté de la classe politique, l'opposition est restée discrète. Seul Jean Messiha, membre du bureau national du RN, a affiché sa crainte d'un risque de propagation du virus. «Avec le coronavirus, l’épée de Damoclès d’une pandémie plane sur la France. Et que fait le gouvernement ? Agnès Buzyn annonce un branle-bas de combat : placarder des affiches dans les aéroports (oui oui) et mettre en place un numéro vert ! Ça serait hilarant si ça n’était dramatique», a-t-il écrit sur Twitter.

De son côté, Adeline Noirmain, chargée de mission à la fédération Les Républicains du Nord, s'interroge sur la capacité des hôpitaux à faire face au coronavirus. «Je suis assez interloquée d’entendre la ministre Agnès Buzyn déclarer que «la France est apte à affronter le coronavirus alors que toutes les urgences sont débordées avec un manque cruel de lits et de personnel soignant», a-t-elle twitté.

Agnès Buzyn se défend, les autorités sanitaires rassurent

Interrogée sur les raisons de l'arrivée du coronavirus en France, Agnès Buzyn a défendu son action. Elle a estimé le 24 janvier que si la France était le premier pays européen à avoir identifié des cas, c’était «probablement parce que nous avons mis au point le test [de dépistage] très rapidement et que nous sommes capables de les identifier».

Elle a répété qu’il n’était pas possible de contrôler les «multiples voies» d’arrivée depuis la Chine ou de «fermer les frontières».

Les présidents du Samu et de l’association des urgentistes de France (Amuf), François Braun et Patrick Pelloux, se sont aussi voulus rassurants ce 25 janvier, assurant qu’il ne «servait à rien d’avoir peur» et que les «schémas d’organisation en cas de risque épidémique sont bien rodés».

Au micro de RTL le 26 janvier, Agnès Buzyn a assuré que les trois cas positifs au coronavirus détectés en France «vont bien». «Nous nous rapprochons d'un modèle (de virus) très contagieux mais moins grave que ce que nous pensions au départ», a assuré la ministre. Ce même jour, elle a annoncé que le gouvernement allait organiser «un rapatriement par voie aérienne directe» pour les Français de la région de Wuhan qui le souhaitent. En Chine, l'épidémie s'accélère : le 26 janvier, le bilan faisait état de 56 morts et près de 2 000 personnes contaminées.

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