Présente le 24 janvier sur le plateau de l’émission Bourdin Direct, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a été amenée à commenter un sondage, datant du 22 janvier, selon lequel 61% des Français souhaiteraient voir Emmanuel Macron retirer son projet de loi contesté de réforme des retraites.
En effet, une enquête d’opinion sur l’image d’Emmanuel Macron, rendue publique par l’institut Elabe, assure que «61% [des sondés] pensent qu’Emmanuel Macron devrait prendre en compte les contestations et retirer la réforme». Mais pour la collaboratrice du président de la République, ce rejet est le reflet d’«une forme d’exaspération». Non pas contre le pouvoir politique, comme est parfois interprété le mouvement social lancé début décembre, mais bien contre le mouvement social lui-même.
Contradictoire ? Pas pour Sibeth Ndiaye, qui ajoute : «D'abord qu'on en parle énormément, qu'il y ait beaucoup de manifestations, qu'il y ait parfois de la violence assez radicale dans certaines manifestations, je pense que ça traduit de la lassitude et que les Français ont envie de passer à autre chose.»
Mais ce n’est pas tout. Poursuivant son propos, Sibeth Ndiaye adresse un message aux Français : «Cette réforme, si on la fait, avec les difficultés que ça représente, c'est parce qu'on est profondément convaincus qu'elle est massivement redistributive, et que les gens qui aujourd'hui sont les oubliés de la solidarité nationale, ceux qui sont à temps partiel, ceux qui ont des petites carrières, ce seront les grands gagnants de cette réforme.» «Oui mais Sibeth Ndiaye j’ai envie de vous renvoyer la question, l’interrompt alors le journaliste, si elle était si bonne cette réforme des retraites, pourquoi est-ce que les Français la rejetteraient franchement ?»
Des éternels incompris ?
Il n’en fallait pas plus pour que la porte-parole dégaine son argument ultime : «Mais parce qu'il y a une difficulté de compréhension !» Le président de la République ne rappelait-il pas lui-même, lors d’un déplacement à Pau, le 14 janvier dernier, que «quand on explique et qu’on écoute, généralement on arrive à comprendre» ? La réforme serait-elle donc mal expliquée ?
Eh bien non. «A la réforme précédente, quand il y a eu la réforme de Marisol Touraine, dans le quinquennat précédent, les gens ils ont manifesté, ils n'étaient pas du tout contents de la réforme qui était proposée», se défend-elle. En effet, la loi votée en 2014 allongeait déjà la durée de cotisations pour une retraite à taux plein jusqu’à 43 ans, et n’était en réalité qu’un prolongement de la réforme menée par François Fillon en 2010.
«Et aujourd'hui, c'est le système qui est produit par cette réforme qui est ardemment défendu, en particulier par des organisations syndicales qui étaient contre», conclut alors Sibeth Ndiaye, avec un sourire narquois.
Et pour cause, si une partie des Français avaient contesté la réforme Fillon, c’est parce qu’elle retardait l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans, précisément ce que compte faire le gouvernement avec l’instauration d’un «âge d’équilibre», permettant de bénéficier de sa retraite à taux plein, pour le moment fixé à 65 ans pour les générations nées après 1975, selon la dernière «étude d’impact» dévoilée le 24 janvier par le gouvernement. D’après ce même document, «l’âge d’équilibre» augmenterait «d’un mois par génération», soit 66 ans pour la génération 1987 et 67 ans pour la génération 1999.
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