France

Réforme des retraites : de nombreux barreaux entament une deuxième semaine de grève, «du jamais vu»

La grève contre la réforme des retraites mobilise également les avocats. Ils étaient plusieurs dizaine à s'être réunis en silence, sur les marches du palais de justice de Paris, tandis que des rassemblements se tenaient dans d'autres villes.

Rassemblements, robes noires jetées à terre ou accrochées aux grilles des palais de justice : les avocats se sont une nouvelle fois massivement mobilisés, ce 13 janvier, contre la réforme des retraites, alors que les représentants de la profession étaient reçus au ministère de la Justice.

Caroline Mecary, avocate aux barreaux de Paris et du Québec, a expliqué pour RT France les motivations des grévistes : «Le projet [de réforme des retraites] qui nous est vendu, en réalité, est une source d'appauvrissement pour notre profession.» Et d'ajouter, à propos de la grève qui fait florès dans sa profession : «C'est du jamais vu, que de voir 70 000 avocats en grève pour la deuxième semaine consécutive.» 

Les avocats étaient plusieurs dizaines, réunis en silence, sur les marches du palais de justice de Paris. Signe d'une colère qui dure, à Marseille (Bouches-du-Rhône), ils ont couvert de rouge l'épitoge d'ordinaire blanche de leur costume, puis suspendu leurs robes aux grilles. Même image à Lyon (Rhône), où la «mort de la profession» a été symbolisée par des robes noires pendues aux rambardes des escaliers du tribunal.

Le projet de réforme prévoit notamment de doubler les cotisations retraite (de 14 à 28%) pour les avocats gagnant moins de 40 000 euros par an et les pensions, actuellement au minimum de 1 400 euros net, passeraient à 1 000 euros, selon le Conseil national des barreaux (CNB) qui représente les 70 000 avocats français.

Réunion avec le garde des Sceaux

A l'issue d'une réunion de plus de deux heures avec le garde des Sceaux Nicole Belloubet et le secrétaire d'Etat chargé des retraites Laurent Pietraszewski, la présidente du CNB, Christiane Féral-Schuhl, entourée du bâtonnier de Paris Olivier Cousi et la présidente de la conférence des bâtonniers Hélène Fontaine, a déclaré n'avoir reçu «aucune nouvelle proposition» mais «senti que [ses] interlocuteurs étaient très préoccupés par la situation de crise». «Nous avons exigé que des garanties soient apportées sur l'autonomie de notre régime [...], pour que les avocats ne perdent pas un euro. Des propositions vont être formulées par écrit dans la semaine», a-t-elle indiqué à la presse.

Accusant le gouvernement de n'entendre «que les professions qui bloquent la France», le CBN, qui représente les 70 000 avocats français, avait promis des actions pour «désorganiser la mécanique judiciaire» à partir du 6 janvier et pour une semaine. De nombreux barreaux ont voté la reconduction de la grève pour une nouvelle semaine.

Partout des audiences sont renvoyées ou perturbées : à Lyon, le très attendu procès pour agressions sexuelles de l'ex-prêtre Bernard Preynat a été suspendu jusqu'au 14 janvier. A Saint-Etienne (Loire), les avocats ont jeté leur robe à terre, comme l'avaient fait leurs confrères de Caen (Calavados) devant la ministre de la Justice, le 8 janvier. A Chambéry (Savoie), les avocats envisagent une grève encore plus dure, avec une cessation de toute activité, à l'exception du contentieux de la liberté. Enfin, à Grenoble (Isère), la poursuite du mouvement a été votée à la quasi-unanimité par près de 600 avocats.

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