Lors d'une intervention en duplex le 12 janvier à l'antenne de LCI, le syndicaliste CGT RATP Bus Olivier Terriot s'est exprimé sur l'état d'esprit des grévistes au lendemain de la lettre d'Edouard Philippe adressée aux organisations syndicales dans laquelle ce dernier s'est dit prêt à revenir provisoirement sur «l'âge d'équilibre», plus communément évoqué sous l’appellation «âge pivot», qui figurait initialement dans la réforme des retraites portée par le gouvernement.
Je suis désolé de vous couper, mais c'est insupportable dans les médias que vous mettiez en avant cet âge pipeau
C'est justement à ce sujet que la journaliste interroge son interlocuteur, en soulignant que le retrait de l'âge pivot, «au cœur du projet d'Edouard Philippe», avait été salué par la CFDT et l'UNSA. «Arrêtez, arrêtez de nous dire ça! C'est un âge pipeau. Je suis désolé de vous couper, mais c'est insupportable dans les médias que vous mettiez en avant cet âge pipeau. Depuis le départ on veut le retrait de la réforme par points. Recentrez les débats sur cette réforme qui va appauvrir les pensionnés et qui va ouvrir les retraites à des systèmes de pension et qui va nous amener à un système américain. Notre système solidaire on y tient pour l'ensemble des Français, l'âge pipeau on s'en contrecarre !»
Qu'est-ce que l'âge pivot ?
Le concept d'âge pivot correspond à l'âge auquel un salarié pourrait partir en retraite à taux plein. Un mécanisme selon lequel un départ à la retraite anticipé provoquerait alors un malus irréversible pour le retraité concerné qui, à l'inverse, pourrait bénéficier d'un bonus pour ses pensions à venir, dans le cas d'un départ en retraite pris après l'âge d'équilibre. Celui-ci, dans le cadre de la réforme initialement portée par le gouvernement, aurait pu voir le jour en 2022, alors fixé à 62 ans, avant d'augmenter de quatre mois tous les ans, pour arriver à 64 ans en 2027.
Une réforme contestée à plusieurs niveaux
Au-delà du concept d'âge d'équilibre susmentionné, d'autres dimensions de la réforme sont dans le collimateur de ses opposants. En premier lieu, la transition vers un système par points fait l'objet de tous les débats.
D'aucuns s'inquiètent en effet de cotisations transformées en points selon une valeur d’achat. «Dans le régime général de la Sécurité sociale [...] le droit à la retraite du salarié et le montant de sa pension sont liés au salaire (à la qualification) et aux droits acquis durant toute sa vie active. Avec le système "universel" de Macron, on n’aurait plus aucun droit [...] La valeur fluctuante du point s’appliquera à tous les retraités : le taux de remplacement (pension/salaire) diminuera pour toute augmentation de l’espérance de vie», dénonce par exemple un bulletin intitulé «L’arnaque des retraites par points», publié au mois de décembre 2019 sur le site militant «L'insurgé».
En outre, des dispositions mises en avant dans le texte de la réforme ont été analysées par certains observateurs circonspects. Citant par exemple un chiffrage des services de l’AGIRC-ARRCO (le système français de retraite complémentaire des salariés), l'Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT évoquait au mois de décembre la perte considérable de ressources qu'une telle réforme pourrait faire peser sur le système de retraites envisagé par le gouvernement, affirmant dans un communiqué daté du 18 décembre : «l’étude démontre que le manque à gagner en termes de cotisations serait de près de 4,8 milliards en moyenne annuelle, soit en cumulé de 2025 à 2040 de plus de 71 milliards d’euros».