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Une conductrice de métro conspuée et insultée par des grévistes, la RATP ouvre une enquête (VIDEO)

Une vidéo partagée sur les réseaux sociaux montre une conductrice de métro non-gréviste invectivée par les grévistes de la RATP. La régie a ouvert une enquête interne, plusieurs syndicats ont condamné ces actes.

La scène s'est déroulée le 30 décembre, vers 6h30, sur un quai de la station Place d'Italie, à Paris, selon France Info. Sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et vue près de 500 000 fois (via un tweet supprimé depuis) ce 31 décembre, on voit une conductrice de métro de la RATP longer un quai, sous les huées et les sifflets de plusieurs personnes, essentiellement des hommes. La conductrice, qui se rend à son poste de travail, est protégée par des agents portant des brassards fluo RATP Exploitation.

«Elle est vendue», «honte à toi», scandent notamment des grévistes à la conductrice, qui ne fait pas grève contre la réforme des retraites.

Sur Twitter, où la vidéo a été massivement partagée, de nombreux internautes ont réagi à cette scène, fustigeant surtout le comportement des grévistes – des «ayatollahs de la grève», tweete par exemple l'un d'entre eux.

La RATP ouvre une enquête

Valérie Pécresse, la présidente de la Région Ile-de-France et d'Ile-de-France Mobilités, l'autorité régionale des transports, s'est dite «scandalisée par la violence des grévistes a l’égard d’une conductrice de la RATP qui assure simplement la continuité du service public au bénéfice des voyageurs !» «Aucune cause ne justifie de telles insultes et un tel harcèlement. Des sanctions exemplaires doivent être prises», a-t-elle tweeté.

La RATP a répondu sur Twitter à cette déclaration. Elle «condamne fermement ces actes et apporte son soutien total à sa conductrice face à ces comportements irresponsables. Ces agissements sont inacceptables». Le groupe affirme qu'une «enquête interne a été ouverte».

«Hier matin [le 30 décembre], une conductrice a été victime d'intimidations de la part d'une vingtaine de grévistes lors de sa prise de service. Ces agissements sont inacceptables», a indiqué un porte-parole de la RATP. «La RATP appelle à l'apaisement et rappelle que si le droit de grève est un droit, empêcher le travail des agents est répréhensible», a-t-il ajouté.

L'Unsa et la CFE-CGC condamnent

Plusieurs syndicats ont aussi condamné les agissement de ces grévistes. «C'est une honte, c'est tellement facile de s'en prendre à cette dame», s'est exclamé Thierry Babec, secrétaire général de l'Unsa-RATP, le premier syndicat de la régie, auprès de l'AFP. «La liberté de travailler est un droit absolu. Dès qu'il y a contrainte, la grève devient illégitime», a-t-il estimé.

«Le respect et la non-violence étant des valeurs essentielles pour notre organisation syndicale, nous sommes totalement opposés à ce type d'action que nous condamnons fermement», a renchéri Frédéric Ruiz, président de la CFE-CGC-RATP, le troisième syndicat représentatif.

«Ceci étant dit, le gouvernement porte l'entière responsabilité des débordements par sa gestion de la situation par le pourrissement, sa surdité et son refus de vraies négociations», a-t-il ajouté.

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