Comme le rapporte Le Parisien ce 21 décembre, l'entourage d'Emmanuel Macron a annoncé que celui-ci avait pris la décision inédite de renoncer à sa «retraite» de président.
De fait, dans le sillage du récent engagement d'Edouard Philippe selon lequel «les élus et les ministres ser[aie]nt traités exactement comme tous les Français» avec le nouveau système de retraites promu par le gouvernement dit «universel», Le Parisien rapporte avoir contacté l'Elysée et Matignon «pour savoir à quelle sauce les représentants de l'exécutif seraient mangés dans le futur régime». Selon les informations recueillies par ses soins, le quotidien suggère ne pas être étranger au déclenchement d'un processus de réflexion entre Emmanuel Macron et ses équipes sur le sujet. «A la suite de nos sollicitations, Emmanuel Macron s'est concerté avec ses équipes à Paris, tandis que lui-même se trouvait en déplacement en Côte d'Ivoire. Le chef de l'Etat a pris une décision inédite, que nous vous révélons en exclusivité : il renonce par avance à sa retraite d'ancien président», écrit Le Parisien.
L'annonce de ce renoncement fait référence à la «dotation», de l’ordre de 6 000 euros brut par mois, à laquelle un président de la République peut prétendre après avoir achevé son ou ses mandats, conformément à une disposition déterminée par l’article 19 de loi n° 55-366 du 3 avril 1955.
Emmanuel Macron se refuse ainsi à percevoir «une retraite de président» avant ses 50 ans, que ce soit en 2022, dans le cas où il finirait son mandat de président de la République sans le renouveler, ou en 2027 (il aurait alors 49 ans), au terme d'un second mandat potentiel.
Néanmoins, toujours selon Le Parisien, un nouveau mécanisme serait mis en place par Emmanuel Macron, «sorte de transition spécifique au chef de l'Etat afin de le mettre en conformité avec le régime universel par points».
Effet d'annonce ? Premières réactions sur Twitter
En tout état de cause, dans le cadre du mouvement de contestation d'ampleur contre la réforme des retraites portée par l'exécutif, une telle annonce est loin d'être anodine et n'a pas tardé à susciter des réactions sur les réseaux sociaux. Si certains se félicitent déjà de l'exemplarité du chef de l'Etat, d'autres y voient un coup de communication qu'ils n'hésitent pas à traiter avec ironie.
Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, n'a pas tardé à relayer l'annonce de ce renoncement sur Twitter, en optant pour la concision avec le mot dièse «#retraites».
«Exemplaire - définition : qui peut servir d’exemple», a pour sa part twitté le député LREM des Côtes-d'Armor Eric Bothorel.
D'autres commentateurs ont choisi le second degré pour relativiser l'importance de cette annonce. «Hollande avait renoncé à aller au Conseil constitutionnel. Macron renonce à sa retraite. Le prochain président devra annoncer qu’il exerce son mandat bénévolement. Et le suivant paiera pour entrer à l’Elysée», a par exemple écrit la journaliste Béatrice Houchard.
«Mes grands-parents qui touchent moins de 800 euros de retraite par mois viennent d'apprendre que leurs retraites ont encore baissé. Mais ils vont être ravis d'apprendre que Macron le millionnaire nous a fait l'honneur de refuser sa retraite de président», ironise de son côté un militant insoumis.
En outre, selon les informations du Parisien, l'Elysée a également souligné qu'Emmanuel Macron souhaitait renoncer, en tant qu'ancien président, au siège de membre de droit du Conseil constitutionnel, à vie, dont bénéficient les ex-présidents de la République et qui s'accompagne d'une indemnité mensuelle de 13 500 euros.
De tels engagements parviendront-ils à redorer le blason du projet gouvernemental – et à effacer la série de casseroles ayant touché le camp présidentiel depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée, l'affaire Delevoye étant la dernière en date ?
Pour l'heure, les débats restent intenses au sujet de la réforme des retraites, que Bruxelles juge «nécessaire», comme l'a récemment rappelé le commissaire européen Thierry Breton, alors même qu'elle génère un important mouvement de contestation réunissant syndicats et manifestants de nombreuses professions.