«Les médecins hospitaliers ont eu beau sonner l'alarme, la rigueur est devenue austérité, puis l'austérité, pénurie. La ministre actuelle ne manque pas de témoigner sa compassion, mais le vrai ministère de la Santé est désormais à Bercy» : évoquant le lancement d'un potentiel «mouvement de désobéissance inédit», quelque 660 médecins ont signé une tribune parue ce 14 décembre sur le site du JDD, dans laquelle ils «s'engagent à démissionner si la ministre [des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn] n'ouvre pas de réelles négociations pour desserrer la contrainte imposée à l'hôpital public».
Les cosignataires du texte appellent ainsi le gouvernement à «ouvrir un Grenelle de l'hôpital public avec un vrai plan financé répondant aux besoins» et dénoncent la passivité actuelle de l'exécutif : «Les mesures gouvernementales se résument pour 2020 à moins de 300 millions supplémentaires, alors que de l'avis général il manque 1,3 milliard d'euros pour répondre à la seule augmentation programmée des charges. L'hôpital se meurt et la ministre ne lui administre que des soins palliatifs», précise la tribune.
Survenant dans un climat de contestation d'ampleur, alors que la grève interprofessionnelle se poursuit depuis le 5 décembre, cette tribune intervient aussi et surtout huit mois après le début du mouvement social qui traverse le milieu hospitalier, et plus particulièrement les services des urgences.
Entendant attirer l'attention sur le profond malaise auquel la profession est en proie, les auteurs du texte annoncent qu'après avoir atteint 1 000 signatures, la tribune sera adressée à la ministre des Solidarités et de la Santé «pour lui enjoindre d'ouvrir les négociations avec le CIH… ou de [le]s rejoindre».