France

François Bayrou mis en examen pour «complicité de détournement de fonds publics»

Le président du MoDem a été mis en examen dans l'affaire des assistants d’eurodéputés du parti pour «complicité de détournement de fonds publics». Niant les faits qui lui sont reprochés, François Bayrou a dénoncé un coup monté.

Le maire de Pau, François Bayrou, ancien garde des Sceaux, a été mis en examen le 6 décembre pour «complicité de détournement de fonds publics» dans l’enquête sur les assistants d’eurodéputés du MoDem. Le président du parti a été mis en examen par les juges d'instruction chargées de l’enquête, Charlotte Bilger, Bénédicte de Perthuis et Patricia Simon, après environ dix heures d’interrogatoire.

D’après l’AFP, qui cite des «sources concordantes», François Bayrou est apparu très combatif et a répondu «point par point» aux questions qui lui étaient posées. «Cette mise en examen, annoncée à l'avance dans les journaux, a été décidée à l'encontre de tous les éléments de preuves produits […] La suite de l'instruction démontrera qu'elle est totalement infondée», a fait valoir son avocat, Maître Pierre Cornut-Gentille, toujours auprès de l’agence de presse.

Les trois juges cherchent à savoir si des assistants parlementaires d’eurodéputés, travaillant également à temps partiel pour le parti, ont bien rempli des missions financées par des crédits européens ou si cette manne servait à financer, de manière illégale, la masse salariale du MoDem. François Bayrou est soupçonné d’être le responsable du système mis en place.

Les municipales en ligne de mire

Dans cette affaire, plusieurs responsables du parti ont déjà été mis en examen, à l’instar de Sylvie Goulard, récemment recalée par le Parlement européen, Michel Merci, ancien ministre de la Justice, ou encore le directeur financier du Modem Alexandre Nardella. Plus tôt dans la semaine, le 4 décembre, c’est Marielle de Sarnez, vice-présidente du mouvement, qui avait été mise en examen pour «détournement de fonds publics» pour le contrat d’une ancienne assistante.

Elle avait par ailleurs été placée sous le statut intermédiaire de témoin assisté pour cinq autres contrats suspects. En tout, neuf eurodéputés MoDem se retrouvent dans le viseur des juges.

De son côté, François Bayrou a toujours nié un quelconque système d’emploi fictif. Le 28 novembre, face à Jean-Jacques Bourdin, il avait ironisé, assurant que «tout le monde» était «mis en examen ou à peu près dans la vie politique française». 

Le président du parti avait été entendu par l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) le 11 septembre dernier. Au cours de son audition, il avait mis en lumière un contexte de vengeance politique. «Alexandre Nardella avait pris l'initiative d'aller voir chacun des assistants qui étaient également salariés pour leur demander de lui rendre compte s'ils constataient un changement de la répartition effective de leur temps de travail […] C'est-à-dire qu'ils devaient l'informer s'ils constataient qu'ils travaillaient davantage pour l'une ou pour l'autre des deux fonctions que ce qui était prévu», avait-il alors souligné à l’époque.

Celui-ci a immédiatement reçu le soutien du délégué général de La République en marche (LREM), Stanislas Guerini : «François Bayrou a consacré une bonne part de sa vie politique à faire avancer la question de la probité dans la vie politique, c'est une part inhérente de son combat politique». Il a confirmé lui maintenir sa «confiance» et son «admiration».

Mais cette mise en examen pourrait bien compliquer encore un peu plus la relation entre le parti présidentiel et le MoDem. En effet, à l’approche des élections municipales, chacun cherchera à bénéficier de la meilleure investiture possible.

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