France

Anne Diana Clain, la sœur des «voix françaises de Daesh», condamnée à neuf ans de prison

Les 19 et 20 novembre Anne Diana Clain et son mari, Mohamed Amri, étaient jugés pour «association de malfaiteurs terroriste». En juillet 2015, la sœur aînée des frères Clain avait tenté de rejoindre sa famille en Syrie avec ses enfants et son mari.

Membre d'une famille de djihadistes qui s'étale sur trois générations, Anne Diana Clain était jugée les 19 et 20 novembre au tribunal correctionnel de Paris pour avoir tenté de rejoindre la Syrie entre 2015 et 2016, en compagnie de son conjoint Mohamed Amri et quatre de ses enfants. Elle a été condamnée à neuf ans de prison. Son époux, un Tunisien de 58 ans, à dix ans avec deux tiers de sûreté et interdiction définitive du territoire français.

Elle dit avoir fait «fausse route»

Cette femme est, aussi, la sœur aînée de Fabien et Jean-Michel Clain, dits les «voix françaises de Daesh», qui auraient été tués lors d'une attaque menée par la coalition internationale le 21 février 2019, alors qu'ils étaient en Syrie. Fabien Clain était soupçonné d'avoir inspiré Sid Ahmed Ghlam pour son projet d'attentat à Villejuif (Val-de-Marne) et avait revendiqué les attentats du 13 novembre à Paris au nom de Daesh. Son frère, Jean-Michel, chantait sur la vidéo de revendication.

Cette quadragénaire est la seule du clan Clain à ne pas avoir réussi à rejoindre la Syrie. En 2016, elle a été arrêtée par les autorités turques au moment de franchir clandestinement la frontière syrienne.

Lors de son procès débuté le 19 novembre, la mère de famille a «assuré se rendre compte qu’elle avait fait fausse route», rapporte La Croix. Concernant les attentats du 13 novembre, elle a reconnu : «J’étais convaincue que ce n’était pas l’Etat islamique qui avait fait les attentats. Je pensais que c’était un complot pour faire porter le chapeau aux musulmans… », rapporte Le Monde. «J'ai mis des œillères» pour ne pas voir «le mal», a-t-elle résumé.

De son côté, Mohamed Amri, 58 ans, a livré un récit différent. Il a assuré qu'il n'était pas question de s'établir en Syrie, mais uniquement, a-t-il affirmé, de rendre visite à la famille Clain et éventuellement de les «convaincre» de rentrer.

Sa sincérité en doute

Les justifications d'Anne Diana Clain n'ont pas convaincu la procureure de Paris, qui a évoqué un projet de départ en Syrie «certes avorté» mais «mûrement réfléchi», inscrit dans une trajectoire familiale «incontestablement djihadiste», à une époque où le groupe Etat islamique «enchaîne les attentats meurtriers» que les frères Clain «revendiquent clairement».

Même constat pour Mohamed Amri, dont la procureure n'a pas cru la version. Pointant son «attitude de déni et d'obstruction», elle avait requis contre lui, en plus de la prison, une interdiction définitive du territoire français. 

Aux yeux de la procureure, le couple Clain-Amri ne pouvait ignorer ni les exactions commises par l'EI au moment où ils ont pris la route, ni les hautes fonctions de propagandistes occupées par Fabien et Jean-Michel Clain.

«Comment croire que ce départ soit complètement déconnecté de toute activité terroriste, qu'ils aient pu tout ignorer des activités de leur famille ?», s'est interrogée la magistrate.

La mère de famille, décrite comme influençable et vivant «dans un monde déformé par une idéologie romantique adolescente» dans un rapport psychologique de 2017, a affirmé avoir mené un long «travail» en prison pour comprendre qu'il s'agissait d'une «idéologie fanatique» qui a «anéanti sa famille».

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