Une centaine de personnes arborant des drapeaux régionaux et français ont défilé depuis la place Denfert-Rochereau à Paris, le 17 novembre, à l'appel du «Collectif stop islamisme» et de l'organisation anti-immigration radicale Génération identitaire. «Face aux islamistes Défendons la France», pouvait-on lire en mot d'ordre de l'appel à manifester diffusé sur Facebook.
«Nous voulons la réémigration. Pas d'islamistes, pas d'attentat», scandaient, entre autres slogans, les manifestants, selon le reporter de RT France présent sur place.
Certains manifestants arboraient des portraits d'auteurs d'attentats islamistes en France, comme celui du terroriste responsable de l'attaque sanglante de l'Hyper casher à la Porte de Vincennes à Paris en janvier 2015, Amedy Coulibaly.
L'organisation identitaire, hostile à l'immigration et à l'«islamisation» de Europe, avait appelé à manifester contre l'«islamisme», en faisant référence en particulier à l'attaque du 3 octobre à la préfecture de police de Paris, perpétrée par Mickaël Harpon, un employé de l'administration converti à l'islam. «Harpon était habilité secret défense alors qu’il fréquentait des imams salafistes fichés par la DGSI. Un islamiste était donc infiltré au plus haut niveau de l'Etat, du jamais-vu dans toute notre Histoire», pouvait-on lire dans l'appel à manifester sur Facebook. De fait, selon un rapport interne de la Direction du renseignement de la Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP), Mickaël Harpon était habilité secret défense. Il avait fréquenté, à Gonesse (95) où il vivait, un imam fiché S, selon des sources proches de l'enquête citées par l'AFP.
Génération identitaire, néanmoins, ne fait pas que dénoncer l'islamisme et le terrorisme islamiste : prenant la parole devant les manifestants, la porte-parole du mouvement Anaïs Lignier a accusé sans ambages «une grande partie des musulmans» vivant en France, de souhaiter faire «appliquer la charia, les lois islamiques en France» afin «que celles-ci prennent le dessus sur nos propres lois».
Interrogée par RT France sur la marche contre l'islamophobie organisée la semaine précédente, la porte-parole a déclaré que la manifestation de ce 17 novembre se voulait aussi en être une «réponse», même si il n'y a pas de «lien direct» entre ces deux appels au rassemblement.
«Quand on compare l'islamophobie qui n'a fait aucun mort en France [...] en comparaison de 250 morts [du terrorisme islamiste] en quelques années, évidement qu'on répond à cela et qu'il faut être aussi dans la rue», a-t-elle déclaré. Quand à la question du peu d'affluence à la marche, elle serait due, selon elle, à la censure des «médias», mais aussi des «réseaux sociaux». En mai 2018, Génération identitaire s'était vu suspendre sa page Facebook, en raison, selon un porte-parole du réseau, de «discours incitant à la haine».
En fin de manifestation, les militants identitaires ont déployé une banderole avec le mot «Reconquête» écrit en lettre capitales et agité des torches de détresse.
Des internautes et militants dénoncent une «Manif de la haine»
La manifestation, si elle n'a réuni qu'un nombre limité de militants, a suscité un certain nombre de réactions indignées sur les réseaux sociaux, notamment de la part de ceux qui avaient lancé dans Libération l'appel à marcher contre l'islamophobie.
«Les mots d'ordre de cette manif, c'est xénophobie et islamophobie», a ainsi déclaré l'élu de Saint-Denis Madjid Messaoudene sur Twitter, reprochant, entre autres, aux manifestants d'avoir scandé des slogans hostiles aux immigrés.
Souvent accompagnés du mot-dièse #ManifDeLaHaine, les tweets hostiles à cette manifestation moquaient aussi le peu d'affluence de la marche. «Même à ma dernière soirée karaoké il y avait plus de monde, désolé Edouard la remigration c’est pas pour tout de suite», a ainsi tweeté le journaliste et militant Taha Bouhafs.
En novembre 2017, une marche au mot d'ordre similaire avait été interdite par arrêté du préfet de police de Paris d'alors Michel Delpuech.