France

Ecrits antisémites : Yann Moix pointe à présent la responsabilité d'un «professeur d'allemand»

Après avoir demandé pardon en août pour d'anciens dessins et textes antisémites et négationnistes, Yann Moix change de version. Sur le plateau de Cyril Hanouna, l'écrivain a mis en cause un «professeur d'allemand», concernant l'écriture des textes.

Plusieurs semaines après la révélation d'anciens dessins et textes ouvertement antisémites et négationnistes qu’il a reconnus être de sa main, Yann Moix vient de changer de version quant à l’origine de ces productions, comme le rapporte L’Express. Présent sur le plateau de Cyril Hanouna, le 7 novembre dans l’émission Balance ton poste sur C8, l’écrivain a assuré que les textes publiés dans le journal amateur Ushoahia, le magazine de l’extrême, avait été écrits par «un professeur d'allemand» dont il s’est gardé de révéler l’identité. Selon le lauréat du prix Renaudot en 2013, ce serait ledit professeur qui aurait «écrit intégralement les textes».

Selon les propos de Yann Moix, ces textes ont vu le jour dans sa jeunesse «pendant un voyage Interrail» alors qu'il «écrivait à une fille». «Je m'étais juré de faire une lettre de 100 pages et au bout de 40 pages», il se serait adressé à ce mystérieux professeur, lui demandant un «coup de main». «Et ça a dégénéré, c'est parti en sucette. On a commencé à faire n'importe quoi», a-t-il rapporté. L'Express explique être en «possession [du] manuscrit, qui est bien de la main de Yann Moix, et qui contient en effet nombre de textes antisémites».

«Le pire dans l'histoire, c'est que j'étais fier de mes dessins. C'est ça qui est grave. Et j'ai voulu faire croire que les textes étaient de moi aussi. Donc j'ai tout envoyé [à la fille à qui il écrivait]. Ensuite, tellement fier de ces abjections à l'époque, j'ai réutilisé une partie de cette lettre pour la transformer en petit fanzine, et c'était le numéro 1 sur les camps. Ensuite, pour vous dire à quel point j'allais mal, j'ai décidé de faire un numéro 2, et tiens on va se moquer de l'abbé Pierre ! Puis, qui pouvais-je moquer après l'abbé Pierre ? Les Ethiopiens qui mourraient de faim, et on y va !», a détaillé Yann Moix.

L’ancien «sniper» de Laurent Ruquier sur France 2 a par ailleurs confirmé qu’un  quatrième numéro de ce fanzine n’avait jamais été retrouvé – «une nouvelle assertion erronée puisque L'Express en possède un exemplaire et est en mesure d'en publier certains extraits», relève le magazine. Et, selon L'Express, Yann Moix omet de préciser que ce numéro 4 contenait lui aussi de nombreuses références à l'antisémitisme, lorsqu'il déclare : «Vous allez voir à quel point j'étais abject à l'époque, c'était un numéro d'encouragement spécial à Thierry Paulin [tueur en série surnommé le "tueur de vieilles dames" ou encore le "monstre de Montmartre"]. Donc il n'y a pas une histoire d'antisémitisme obsessionnelle, mais une histoire d'atrocité généralisante et universelle. Et cette personne [le professeur d'allemand] a écrit intégralement les textes.»

Après les révélations de L'Express en août, à propos de la participation de Yann Moix à la rédaction d'Ushoahia lorsqu'il était âgé de 21 ans, celui-ci avait, dans un premier temps, reconnu être l'auteur des dessins mais n'avoir «participer à aucun texte». Mais par la suite, confronté à de nouveaux éléments, il avait finalement assumé son rôle dans la rédaction des textes du fanzine. «Ce que j'ai fait à l'époque avec 3 ou 4 cons... On était des types complètement paumés. J'écrivais, je dessinais, je produisais de la merde. Ces textes et ces dessins sont antisémites, mais je ne suis pas antisémite», s'était-il justifié fin août dans les colonnes de Libération.

Lire aussi : BHL «a une place dans mon cœur jusqu'à la fin des temps» : Moix ému par le soutien du philosophe