France

Yann Moix «demande pardon» pour ses écrits antisémites et négationnistes

Auteur de dessins antisémites et de textes négationnistes durant sa jeunesse, l’écrivain a présenté ses excuses lors du tournage de l’émission On n’est pas couché. «Le jeune homme que j'étais, je lui cracherais dessus aujourd'hui», a-t-il affirmé.

Quelques jours après la publication par l’Expressde ses dessins antisémites et textes négationnistes réalisés alors qu’il avait 21 ans, Yann Moix a présenté ses excuses à l’occasion du tournage le 30 août de l’émission On n'est pas couché et dont la diffusion est prévue ce 31 août. Comme le rapporte Le Parisien, l’écrivain déclare d'emblée : «La première chose, je demande pardon pour les dessins abjects, choquants que j'ai commis à 20 ans. Le jeune homme que j'étais, je lui cracherais dessus aujourd'hui.»

Je demande pardon à Bernard Henry-Lévy et à tous ceux que j'ai blessés du plus profond de mon être

Il poursuit : «Je demande pardon à Bernard Henry-Lévy [qualifié dans les écrits polémiques de "philosopheux et sodomite sioniste au nez long, dont le crâne n'a pas été rasé par les amis d'Adolf"] et à tous ceux que j'ai blessés du plus profond de mon être. Pardon pour ces bandes dessinées.»

Interrogé ensuite par Laurent Ruquier sur ses relations avec l'essayiste Paul-Eric Blanrue, accusé d'être proche des milieux négationnistes, il se défend :«Blanrue ? Vous l'avez reçu en 2008, Laurent, même le Canard Enchaîné le présentait comme un royaliste en 2010.» Quant à sa relation avec Marc-Edouard Nabe, accusé d’antisémitisme, il répond sans détour : « [Stéphane] Bern, [Thierry] Ardisson, ou même [Bernard] Pivot l'ont invité. Moi, je lui ai envoyé un SMS en 2007 pour lui dire "Va te faire enc****" après ses attaques contre l'Etat d'Israël. Je n'ai rien à cacher. Je veux en finir avec ce chantage.» 

La question des liens entre Yann Moix et des personnalités qualifiées de négationnistes ou révisionnistes n'est pas nouvelle. L'existence d'Ushoahia – jeu de mots entre Ushuaïa (émission de Nicolas Hulot) et Shoah – avait d'ailleurs déjà été révélée par Marc-Edouard Nabe dans un livre en 2017, même si aucune image n'était alors disponible.

J'ai un dégoût de moi-même, ce raté, cet être méprisé et méprisable

Ces autojustifications, précédant alors un long réquisitoire de Yann Moix sur l’homme qu'il était à l'époque de ces dessins et textes polémiques : «Je n'avais pas les épaules assez larges pour me suicider physiquement alors je me suis suicidé moralement. J'ai un dégoût de moi-même, ce raté, cet être méprisé et méprisable. Je me vomissais.»

Il ajoute : «Mais j'ai essayé de m'arracher de ce trou noir, de ce cauchemar grâce à des gens lumineux comme BHL qui m'ont permis de me construire intellectuellement. J'ai essayé de me racheter toute ma vie, de combattre la xénophobie.»

Et de conclure : «Quel intérêt de sortir ces BD, à part m'abattre ? À part débrancher quelqu'un qui se bat contre l'antisémitisme ? Mon combat, c'est la légitimité d'Israël. […] Ces révélations sont téléguidées par l'extrême droite et tout le monde suit.»

Cette polémique impliquant directement Yann Moix en succède à une autre toute aussi médiatique : après avoir bousculé la rentrée littéraire avec la parution de son roman Orléans où il s'en prend notamment à ses parents, qu'il accuse de l'avoir battu, il est accusé à son tour par son frère cadet, Alexandre, d'être l'auteur de violences à son égard durant son enfance. 

Lire aussi : «Incapable d'aimer une femme de 50 ans» ? Malgré le tollé, Yann Moix persiste et signe