«Macron, réponds-nous !» : ce 22 octobre au matin, devant toutes les préfectures, les paysans font entendre leur détresse et demandent au chef de l'Etat de les défendre contre les maux qui affectent un secteur en crise, à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA). «Agribashing», ou déconsidération du monde agricole et de ses pratiques, surtranspositions de règlements européens, accords de libre-échange, retards de paiements des aides européennes : les motifs de crispation sont nombreux.
Déjà mobilisés le 8 octobre dernier, les agriculteurs, au nombre de 10 000 selon la FNSEA, avaient bloqué les grands axes routiers dans la France entière.
Il y aura également quelques opérations escargot ce 22 octobre, mais «là, ce n'est pas un blocage ; ce sont des actions devant les préfectures pour lancer un appel au président de la République», a déclaré à l'AFP Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, principal syndicat agricole.
D'Arles à Epinal, de la Haute-Savoie à la Gironde, les paysans comptent se rassembler devant les préfectures et interpeller, à travers elles, le chef de l'Etat, opérations de bâchage à l'appui, le hashtag #SauveTonPaysan en bandoulière.
«Nous exigeons enfin une réponse du président de la République, réponse qu'il doit aux milliers de paysans français tant l'heure est grave !», insiste la FNSEA de l'Hérault. «On ne peut pas intéresser des jeunes à venir dans cette filière-là avec un bilan qui est quand même très sombre», estime pour sa part Arnaud Gaillot, secrétaire général des JA, qui rappelle le «défi démographique» auquel fait face l'agriculture tricolore : dans les dix ans à venir, un paysan sur deux va quitter le métier.
Outre les intrusions dans les élevages des militants antispécistes ou les pressions sur l'utilisation de produits phytosanitaires, avec la mise en place de zones de non-traitement (ZNT) de pesticides, les agriculteurs déplorent, pour beaucoup, des revenus en berne, en partie à cause de la guerre des prix des acteurs de la grande distribution. Une situation que devait régler au moins partiellement la Loi Alimentation, censée ramener du revenu dans les cours de fermes en rééquilibrant les relations commerciales entre paysans, industriels et distributeurs.
«Le compte n'y est pas» quant à la rémunération des agriculteurs, a reconnu le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, le 21 octobre, lors d'un bilan de cette loi, qui va entrer en novembre dans l'an II de son application, avant de promettre de «durcir les choses, les durcir politiquement».