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Visage couvert, mouchoir noirci, discours télévisés... L'opposition commente l'incendie de Rouen

Dans un contexte d'inquiétude grandissante après la catastrophe de Rouen, l'opposition politique, tant au micro de chaînes télévisées que sur les réseaux sociaux, demande des comptes. Certains se sont rendus sur place, photographies à l'appui.

Scepticisme et doutes persistent au sein de l'opposition politique de tous bords après l'incendie, dans la nuit du 25 au 26 septembre, de l’usine Lubrizol de Rouen, site classé Seveso.

De fait, alors que des symptômes alarmants n'ont pas tardé à apparaître, la communication officielle sur les potentiels risques sanitaires liés à l'incident, peine à convaincre la population locale.

Il ne faut pas dire aux gens qu'il n'y a pas de risques

Et pour cause, si le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a déclaré qu'«il n'y avait pas d'élément qui permette de penser qu'il y a[vait] un risque lié aux fumées», rien n'est moins sûr«Ce n'est pas de la toxicité aiguë, néanmoins ces fumées sont des fumées toxiques, comme toute pollution. Il ne faut pas dire aux gens qu'il n'y a pas de risques», a pour sa part confié Jean-Yves Lagalle, colonel des sapeurs-pompiers, à France info.

Dans ce contexte anxiogène, nombre de personnalités politiques se sont exprimées tant sur les plateaux télévisés que sur les réseaux sociaux.

«On a le sentiment que l'information ne passe pas aux riverains, qui sont les premières victimes», a déclaré le 29 septembre à l'antenne de France 3 la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen.

L'eurodéputé écologiste Yannick Jadot a de son côté dénoncé des «inspections déficientes», une «impréparation des autorités», ou encore une «opacité sur la toxicité des matières concernées». «Habitants laissés dans le désarroi.... plus jamais ça ! Je serai aux côtés des Rouennais mobilisés mardi», a-t-il tweeté en référence à un rassemblement prévu le 1er octobre à Rouen, pour réclamer «la vérité».

En déplacement à Rouen le 28 septembre, le député de l'Essonne Nicolas Dupont-Aignan avait jugé «indispensable» la mise en place d'«une commission d'enquête parlementaire». Appelant à plus de «transparence», le fondateur de Debout la France avait alors estimé qu'«il fa[llai]t revoir le contrôle des sites Seveso».

A gauche, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a pour sa part publié une série de tweets destinés à apporter des éléments de contexte à la catastrophe. «Un patron désinvolte, un préfet dépassé, un gouvernement incertain, la gestion de l’accident Lubrizol [de] Rouen est inconséquente», regrette-t-il dans son introduction. Et le député de conclure en précisant que la société Lubrizol était «la propriété de Warren Buffett, troisième fortune mondiale» : «On le dit philanthrope. Il a l’occasion d’en faire la démonstration en anticipant l’application du principe pollueur-payeur», a-t-il souligné.

Visage couvert par un mouchoir, poussière noire sur les Velux...

D'autres responsables politiques ont choisi d'illustrer leurs propos en publiant des images, parfois après s'être rendus sur place.

«Je suis à Rouen pour soutenir les Rouennais dans ce qui est sans doute l’accident industriel le plus grave depuis AZF», a par exemple tweeté le président de l'Union populaire républicaine (UPR) François Asselineau, agrémentant sa publication de plusieurs photographies. Dans l'une d'entre-elles, le responsable politique apparaît le visage recouvert par un mouchoir.

Le député insoumis du Nord Adrien Quatennens a de son côté publié, depuis la ville de Lille, les images d'une «poussière noire et collante» recueillie sur une fenêtre. «Peut-on savoir de quoi il s’agit au juste ? Nous demandons une commission d’enquête sur l’incendie de l’usine Seveso Lubrizol de Rouen», a-t-il commenté.

Face à l'inquiétude grandissante, le Premier ministre Edouard Philippe s'est engagé le 29 septembre à une «transparence totale» de la part du gouvernement. «Nous avons souhaité faire en sorte que tout ce qui est su, que toutes les analyses qui sont réalisées soient rendues publiques», a affirmé le chef du gouvernement.

En tout état de cause, certaines des mesures annoncées en matière de précaution ne sont pas pour rassurer la population. Comme le rapporte France bleu Normandie ce 29 septembre, la préfecture de Seine-Maritime a par exemple demandé que soient «consignés jusqu'à l'obtention de garanties sanitaires», le lait collecté issu d'élevages dont les vaches étaient au pâturage, les œufs des élevages de plein air pondus et le miel collecté depuis jeudi 26 septembre...

Fabien Rives

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