France

Le monde rend hommage à l'ancien président Jacques Chirac

Le décès, ce 26 septembre, de Jacques Chirac a suscité nombre de réactions en hommage à celui qui aura dirigé la France pendant 12 ans, de 1995 à 2007.

Jeudi 26 septembre

Dans un communiqué, le Nouveau parti anticapitaliste n'est pas élogieux envers Jacques Chirac : «La profusion des déclarations, communiqués et reportages apologétiques, qui peignent l'ancien président de la République en champion de la lutte contre la pauvreté, de l’amitié entre les peuples et de la défense des "valeurs de la république", a [...] de quoi donner la nausée.»

Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière, a elle aussi réagi : «Une carrière de politicien bourgeois qui aura coché toutes les cases : attaques anti ouvrières, "bruit et odeur" contre les immigrés jusqu'aux affaires et autres emplois fictifs.»

Le musée du Quai Branly-Jacques Chirac a salué la mémoire de l'ancien chef de l'Etat, à l'origine de la création de l'institution, voyant en lui un homme «pudique» qui s'est révélé «un connaisseur érudit des arts et civilisations non occidentales».

Le Musée du Quai Branly rend aussi hommage au «geste de politique internationale» qu'aura représenté son inauguration.

C'est en reconnaissance de l'action de Jacques Chirac pour que ce musée voie le jour qu'un décret gouvernemental avait ajouté en 2016 son nom à celui du Quai Branly.

Le Premier ministre Edouard Philippe s'est dit «très ému et un peu nostalgique», «comme tous les Français», après le décès de Jacques Chirac, «un homme qui a compté dans la vie du pays».

«Le décès de Jacques Chirac emplit la France de tristesse», a estimé le Premier ministre auprès du quotidien régional Paris Normandie. «Nous perdons un homme qui a compté dans la vie du pays. Et dans la mienne», a-t-il insisté. 

«Quand j’étais jeune, il était le patron de mes deux patrons en politique», a-t-il souligné, en référence à l'ancien Premier ministre Alain Juppé et l'ancien maire du Havre Antoine Rufenacht. 

«C’est dire combien je le respectais. J’aimais l’homme, j'étais fasciné par le politique et j'admirais sa capacité à incarner la France», a poursuivi le chef du gouvernement français.

La FNSEA, syndicat agricole majoritaire, a rendu hommage à Jacques Chirac et mis en avant l'«histoire d'amour partagée» qu'il entretenait avec le monde paysan : «Entre Jacques Chirac et les paysans ça a toujours été une histoire d'amour partagée et il est bien normal pour la FNSEA de remercier ce président si ancré dans les territoires», a réagi le syndicat dans un communiqué. Et d'ajouter : «Du plateau de Millevaches à la tête de veau sauce gribiche, l'ancien président de la République a toujours conjugué le respect des hommes et de leurs savoir-faire.»

La FNSEA a encore loué l'estime que le président portait aux agriculteurs : «[Il] a su trouver les mots et les actes pour nous témoigner respect, considération et, disons-le, affection. Les agriculteurs se sentaient encouragés et fiers. Une estime précieuse, face aux défis multiples qu'ils ont dû relever. En pleine période de doute, cette disparition trouve un écho particulier.»

Rendant hommage à Jacques Chirac, son ancien Premier ministre Dominique de Villepin déplore : «C'est une part de la France qui s'en va.»

Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH, a estimé que Jacques Chirac avait «beaucoup et passionnément œuvré pour Paris et pour la France», dont il incarnait selon lui «le grand prestige à l'étranger». Auprès de l'AFP, la première fortune de France a également précisé qu'à son sens, Jacques Chirac avait «été, au-delà de son action à la tête de l'Etat, un homme de culture, d'échanges, de générosité et de paix.»

Proche ami de Jacques Chirac, l'ancien président de l'Assemblée nationale Jean-Louis Debré a salué un «homme de cœur», «de culture et d'humour» et un «grand combattant politique» qui «se livrait peu». 

«C'était mon ami. Il avait plusieurs personnalités. L'homme de cœur préoccupé par ses concitoyens, désireux de les écouter, de les comprendre en allant vers eux. Le fantastique homme de culture et d'humour, qui était une façon pour lui d'entrer en contact avec les gens», a déclaré l'ancien président du Conseil constitutionnel à l'hebdomadaire Le Point.

Le célèbre imitateur Yves Lecoq, voix de Jacques Chirac dans les Guignols de l'info durant des années, a rendu un dernier hommage au défunt président en l'imitant encore une fois en direct sur RTL. «C'est l'imitation qu'on me demandait le plus», a-t-il déclaré.

La députée France insoumise Danièle Obono ne garde pas que de bons souvenirs du défunt président. 

«Jacques Chirac c'était, pour moi, "le bruit et l'odeur", la Françafrique, la fracture sociale, décembre 1995, le coup de gueule de Jérusalem, le non à la guerre en Irak... Au delà de l'effervescence du moment, qu'est-ce que l'Histoire retiendra le plus ? Tout dépend de qui l'écrit», a-t-elle écrit sur son compte Twitter.

«Le bruit et l'odeur» est une référence à un célèbre discours du défunt président prononcé le 19 juin 1991 portant sur l'immigration.

«Notre problème, ce n'est pas les étrangers, c'est qu'il y a overdose», avait-il dit dans ce discours, avant d'évoquer, pointant les immigrants «musulmans et Noirs», le «bruit et l'odeur» qui rendent «fou» le travailleur français.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson salue un «formidable dirigeant qui a façonné le destin» de la France.

«Sa perte se fera sentir dans toute la France, à travers les générations», a écrit le dirigeant conservateur sur son compte Twitter.

S'exprimant directement en français à la fin de son tweet, Boris Johnson a écrit : «Toutes mes condoléances aujourd’hui à sa famille, à ses proches et au peuple français.»

Au rayon des déclarations peu dithyrambique, Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière, a estimé que la carrière de Jacques Chirac «ne laissera qu’un bon souvenir aux travailleurs : la grève de 1995».

Les grèves de 1995 en France contre le plan Juppé de 1995 sur les retraites et la Sécurité sociale furent à leur époque les plus importantes depuis celles de Mai 68.

Ce mouvement social de l'automne 1995, souvent réduit à la grève des transports publics, très suivie et fortement médiatisée, a concerné également les grandes administrations dont La Poste, France Télécom, EDF-GDF, l'Education nationale, le secteur de la santé, l'administration des finances, etc.

Vladimir Poutine salue un dirigeant «sage et visionnaire», a annoncé le Kremlin.

«Jacques Chirac a acquis le respect mérité de ses compatriotes et une haute autorité internationale en tant que dirigeant sage et visionnaire ayant toujours défendu les intérêts de son pays», a affirmé le président russe qui avait récemment désigné Jacques Chirac comme le dirigeant étranger l'ayant le plus impressionné de sa carrière.

Vladimir Poutine a en outre envoyé un message à la veuve de Jacques Chirac, Bernadette, a annoncé le service de presse du Kremlin.

Dans le message envoyé, le chef de l’État russe souligne que «toute une période de l’histoire moderne de la France est liée au nom de Chirac».

A l'époque de Jacques Chirac, les relations entre la France et la Russie étaient bonnes.

«C'est une immense tristesse qui m'étreint», a déclaré Alain Juppé qui avait été Premier ministre sous Jacques Chirac de 1995 à 1997. 

Alain Juppé était considéré comme le lieutenant préféré du président défunt. 

«Pendant plus de 40 ans, j'ai vécu avec Jacques Chirac une relation exceptionnelle de fidélité, de confiance, d'amitié réciproques qui n'était pas seulement politique mais d'abord personnelle», écrit l'ancien maire de Bordeaux dans un message transmis à l'AFP.

«Avec la mort de Jacques Chirac, c'est un lion de la politique française qui disparaît», a écrit l'ancien Premier ministre François Fillon sur son compte Twitter. «Il aimait charnellement la France et les Français mais se sentait aussi voyageur du monde, de l'Afrique à l'Asie», estime-t-il.

Pour Valérie Boyer, députée LR des Bouches-du-Rhône et Secrétaire générale adjointe du parti de droite, «une page de la cinquième République se tourne» avec la disparition de Jacques Chirac. 

Le «non» de Chirac, refusant d'entraîner la France dans la guerre en Irak de 2003 était pour la députée «un acte visionnaire et nécessaire» qui «malheureusement n'a pas été suivi».

Jean-Pierre Raffarin, qui fut le Premier ministre de Jacques Chirac de 2002 à 2005, a salué sur RTL «l'obsession de la cohésion sociale» de l'ancien président.

«Je suis très peiné. J’avais construit avec lui trois ans durant à Matignon une relation de confiance [...] Le meilleur moment c’était le mercredi matin lorsque l’on faisait le point tous les deux des sujets difficiles. Il aidait son premier ministre, c’étaient des relations de partage institutionnel, avec confiance», a-t-il commenté. 

L'ancien président du Front national Jean-Marie Le Pen a rendu hommage à Jacques Chirac à sa manière : «Mort, même l'ennemi a droit au respect.»

L'ancien président de la République (1974-1981) Valéry Giscard d'Estaing a exprimé son «émotion» après le décès de Jacques Chirac qui avait été son Premier ministre de 1974 à 1976, avant de s'affirmer comme son grand rival à droite.

«J’ai appris avec beaucoup d’émotion la nouvelle de la disparition de l’ancien président de la République Jacques Chirac. J’adresse à son épouse et à ses proches un message de profondes condoléances», a écrit l'ancien chef de l'Etat dans un court message.

Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a également rendu hommage à l'ancien président français par un message sur Twitter. «Nous perdons un grand homme d'Etat et européen», a-t-il notamment déclaré. 

Jacques Chirac était «un très grand homme pour la France» avec «un grand cœur», a salué auprès de l'AFP Anh Dao Traxel, la fille adoptive de Jacques Chirac .

Adoptée par le couple Chirac en 1979, à l'âge de 21 ans, alors qu'elle avait fui le Viêt Nam, Anh Dao Traxel a aussi loué «un grand homme qui [l]'a protégée». 

«Il m'a tout donné dans ma vie, m'a permis d'avoir une deuxième chance», a-t-elle insisté, très émue.

Sans contact avec la famille Chirac depuis quelques années, elle a dit espérer «pouvoir être présente de près ou de loin à l'enterrement».

«C'est une part de ma vie qui disparaît aujourd'hui», a déclaré l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy qui avait succédé à Jacques Chirac en 2007.

«Il a incarné une France fidèle à ses valeurs universelles et à son rôle historique» et «il n'a jamais rien cédé sur notre indépendance, en même temps que sur son profond engagement européen», a-t-il déclaré dans un communiqué, en saluant «la stature imposante et la voix si particulière de Jacques Chirac» qui «ont accompagné la vie politique française pendant un demi-siècle».

Réagissant à la disparition de l'ancien président, Lionel Jospin a déclaré avoir eu le «privilège de gouverner la France sous sa présidence», rapporte l'AFP. Il reconnaît avoir, «au cours d'une période politiquement complexe dite de cohabitation», conduit «une politique intérieure différente de celle» qu'aurait choisie Jacques Chirac, mais, a-t-il ajouté, «en politique étrangère, nous avons veillé tous deux à ce que notre pays parle d'une seule voix et soit respecté sur la scène internationale».

Issu du Parti socialiste (PS), Lionel Jospin avait en effet été le Premier ministre de Jacques Chirac pendant la période de cohabitation entre 1997 et 2002.

Le Premier ministre libanais Saad Hariri a qualifié Jacques Chirac d'un des «plus grands hommes» de la France. L'ancien président défunt entretenait des liens très étroits avec Rafik Hariri, le père de Saad Hariri, et ancien Premier ministre libanais (2000-2004), assassiné en 2005.

Le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius salue en Jacques Chirac celui qui n'a «cessé d'être épris de la République et de la servir».

Laurent Fabius, ponte du Parti socialiste (PS) avait été ministre de l'Economie et des Finances de 2000 à 2002 sous la présidence de Jacques Chirac lors de la cohabitation, tandis que Lionel Jospin était Premier ministre.

Edouard Balladur a appris «avec émotion» le décès de son ancien rival politique Jacques Chirac «après tant d'années de souffrance», a annoncé son entourage à l'AFP.

L'ancien Premier ministre (1993-1995), gaulliste comme Jacques Chirac, avait été son rival malheureux à la présidentielle de 1995, après avoir été longtemps proche de lui au sein du RPR.

Pour le président du Sénat Gérard Larcher, Jacques Chirac a «incarné l’âme de la France qu’il a sans cesse arpentée à commencer par cette terre de Corrèze dont il a été député». 

Le chef de file des députés les Républicains (LR) Christian Jacob a affirmé que la famille gaulliste perdait «un de ses inspirateurs».

«J'avais pour lui à la fois un immense respect, une très grande admiration et une immense affection», a notamment assuré Christian Jacob dans une déclaration pleine de solennité devant la presse.

L'ancien président François Hollande a rendu hommage dans un communiqué à son prédécesseur : «Jacques Chirac avait su établir un lien personnel avec les Français». Et d'ajouter : «Il aimait les gens, qui lui rendaient en affection ce qu’il leur avait offert en sympathie».

«Paris est en deuil», a déclaré la maire de la capitale Anne Hidalgo qui s'est dite «profondément émue et attristée» par la disparition de l'ancien chef d'état. Pour rappel, Jacques Chirac a été maire de Paris durant 18 ans, entre 1977 et 1995.

François Bayrou, président du MoDem et ancien ministre de Jacques Chirac, a salué l'«attachement à l'unité des Français et aux valeurs républicaines» qui animait l'ancien chef de l'Etat, en ajoutant qu'il lui en était «reconnaissant».

«Il a été pour la société française, comme président de la République, un repère. Au fond, il a toujours refusé les affrontements trop violents. Il attachait une grande importance à ne rien faire d'irréversible entre les Français», a déclaré François Bayrou à l'AFP.

Marine Le Pen a salué la mémoire de Jacques Chirac qui a été  «capable de s'opposer à la folie de la guerre en Irak», ce qui constitue, pour la présidente du Rassemblement national, «l’un des derniers actes de souveraineté d’un chef d’Etat français».

«Bien qu’ayant été un adversaire politique du Front national pendant des décennies, nous nous souviendrons de son refus de participer à la seconde guerre d’Irak en 2003, qui fut l’un des derniers actes de souveraineté d’un chef d’Etat français», a déclaré Marine Le Pen dans un communiqué.

Après la mort, ce 26 septembre, à l'âge de 86 ans, de l'ancien président de la République Jacques Chirac, le monde a réagi saluant la mémoire de l'homme politique.

En pleine séance publique, les députés de l'Assemblée nationale ont observé une minute de silence en hommage à la mémoire de l'ancien maire de Paris.

Richard Ferrand le président de l'Assemblée nationale a salué un «inlassable républicain, visionnaire, attentif aux grands débats de son temps».

Lydia Guirous, porte-parole des Républicains, a fait part de sa «profonde tristesse», ajoutant que la République était «en deuil». «Nous perdons un grand homme. Je garde en mémoire son engagement pour la laïcité, l'environnement et sa volonté de préserver la paix dans le monde. Soyons à la hauteur», a-t-elle ajouté.

«Il fut un temps où la droite combattait l’extrême droite et où l’idée d’arc républicain ne lui était pas étrangère. Elle avait une incarnation : Jacques Chirac. Il est mort aujourd’hui. Pensées à ses proches et hommage à son intransigeance face aux adversaires de la République.», a déclaré le député européen Raphaël Glucksmann.

Pour David Cormand, député européen et Secrétaire national d'Europe Ecologie les Verts, Jacques Chirac était «celui qui aura toujours refusé que la droite consente des arrangements avec l’extrême-droite. Dernier Gaulliste, il savait qu’on ne transige pas avec la bête immonde.»

Isabelle Balkany a elle salué «un homme tellement attachant, chaleureux, plein d’humour, bienveillant, généreux».

Le président des Patriotes, Florian Philippot, a rendu «hommage [à] celui qui fut peut-être le dernier vrai président de la République et à l’homme du courageux Non français à la guerre en Irak».

Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, a reconnu un leader qui «aimait la France mieux que d'autres depuis», ajoutant lui être «reconnaissant».

Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, s'est dit «bouleversé et dévasté» par la mort de Jacques Chirac. L'industriel François Pinault a lui fait part de son «infinie tristesse».

Le journaliste Georges Malbrunot a lui aussi salué la mémoire de l'ancien Premier ministre. «Hommage et respect à Jacques Chirac qui vient de mourir. Il restera dans l'histoire comme celui, clairvoyant, qui a su dire non à la folle aventure américaine en Irak en 2003. A titre personnel, je lui dois probablement la vie. J.Chirac connaissait le Moyen-Orient», a affirmé celui qui avait été enlevé en Irak en août 2004. Il avait été libéré après 124 jours de détention.

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