Le procès de Jean-Luc Mélenchon et cinq de ses proches pour les incidents ayant émaillé la perquisition au siège de LFI au mois d'octobre 2018 s'ouvre ce 19 septembre à Bobigny dans un climat électrique, alimenté par les accusations «d'instrumentalisation» de la justice et de «procès politique». Jean-Luc Mélenchon a même affirmé ne plus «croire en la justice». Ses cinq co-prévenus, dont les députés Alexis Corbière et Bastien Lachaud et l'eurodéputé Manuel Bompard, et lui-même doivent comparaître à Bobigny pour «actes d'intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l'autorité publique, rébellion et provocation». Ils encourent jusqu'à dix ans de prison, une amende de 150 000 euros et cinq ans d'inéligibilité.
Le garde des Sceaux a qualifié les propos du chef de file du mouvement d'inacceptables et l'a accusé de recourir à «l'invective», au «fantasme» et au «complot». Nicole Belloubet a également assuré : «La justice n'est pas instrumentalisée à des fins politiques.»
Jean-Luc Mélenchon s'est pour sa part félicité le 12 septembre que des images complémentaires (40 minutes de vidéo) la perquisition aient été diffusées par l'émission Quotidien presqu'un an après les premières vidéos qui le montraient, lui et ses partisans, dans une disposition plus véhémente. La France insoumise dénonçait un montage vidéo à charge pour ses représentants qui sont poursuivis pour rébellion. Mais le mouvement a salué la publication de l'intégralité de ces images (40 minutes) sur internet.
Ce 19 septembre, des partisans de la France insoumise sont réunis devant le tribunal de Bobigny en Seine-Saint-Denis où l'affaire a été dépaysée «dans un souci d'impartialité», selon le parquet général de Paris. Le procès, dans lequel des policiers et magistrats figurent parmi les parties civiles doit durer, deux jours.
Un reporter de RT France est sur place qui a constaté la présence des manifestants.
En voyage en Amérique du sud au cours des dernières semaines, Jean-Luc Mélenchon a rendu visite à l'ancien président brésilien Lula en prison et a dressé un parallèle entre leurs deux situations. Selon lui, tous deux subissent le «lawfare», une pratique d'instrumentalisation politique de la justice pour museler les oppositions. Jean-Luc Mélenchon dénonce une «dérive autoritaire du pouvoir».
Les panneaux des manifestants à Bobigny font d'ailleurs allusion au lawfare :
«Le parquet n'est pas indépendant», peut-on lire sur d'autres :
Jean-Luc Mélenchon et ses soutiens sont arrivés sur place :
«Je souhaite répondre à M. Mélenchon que mes clients sont des fonctionnaires de police qui agissent dans un esprit républicain», a fait savoir pour sa part l'avocat François Saint-Pierre, qui représente cinq fonctionnaires de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales. Le conseil partagera le banc des parties civiles notamment avec Eric Dupond-Moretti.
Invitée à s'exprimer au micro de France 2 ce 19 septembre, Marine Le Pen a de nouveau dénoncé une «politisation de la justice qui s'est aggravée sous le mandat d'Emmanuel Macron», tout en refusant «d'entrer dans les considérations qui concernent les parties en cause et les magistrats» dans cette affaire.
Au micro de Fabien Rives, reporter web pour RT France, Mathilde Panot, vice-présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, également présente devant le tribunal de Bobigny ce 19 septembre, a dénoncé : «Nous n'avons rien fait et c'est scandaleux qu'on traîne aujourd'hui un groupe d'opposition devant un tribunal et c'est aussi pour nous l'occasion de dire que nous faisons le procès de l'autoritarisme de ce gouvernement.»
Ainsi que l'a constaté un autre reporter de RT France, David Khalifa, présent dans la salle d'audience, le parquet a demandé le renvoi de l'affaire à une date ultérieure. Cette information a été confirmée sur Twitter par le député LFI, Eric Coquerel, qui a estimé que cette demande contribuait à la thèse du procès politique : «C’est un procès politique et le renvoi demandé scandaleusement par le ministère public en fait partie.»
Toutefois, Jean-Luc Mélenchon s'est ensuite félicité sur ce même réseau social du refus de la cour quant à la demande de renvoi. Le chef de file des insoumis a directement attribué cette demande au ministre de la Justice, Nicole Belloubet : «Défaite de Belloubet : la demande de report du procès faite par ses procureurs fait flop et est rejetée. Première victoire : notre défense face au procès politique sera donc entendue aujourd'hui.»
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