France

Tariq Ramadan sort de son silence et se dit «victime d'un traquenard»

S'exprimant pour la première fois dans les médias depuis ses mises en examen, Tariq Ramadan a clamé son innocence, disant être «victime d'une injustice». L'islamologue s'est dit déterminé et est apparu confiant quant au verdict de la justice.

Invité de Jean-Jacques Bourdin ce 6 septembre sur BFMTV, l'islamologue Tariq Ramadan, mis en examen dans plusieurs affaires de viols, a clamé son innocence se disant «victime d’un traquenard» mais réfutant toutefois le terme de «complot».

Rappelez-vous : la France de 1897 unanimement contre Dreyfus avait tort

Alors qu'il publie Devoir de vérité le 11 septembre, il a expliqué avoir dans un premier temps menti sur de possibles relations sexuelles avec les plaignantes afin de «protéger sa famille» voyant que tout ce qu'il déclarait au juge était «rapporté par la presse», précisant que cela avait été «une erreur» de sa part. Il a mis en cause la vindicte d'un «tribunal populaire» et «médiatique», regrettant un «secret de l’instruction qui n’en a pas été un». L'accusé a en outre comparé le traitement médiatique de son dossier avec l'affaire Dreyfus : «Rappelez-vous : la France de 1897 unanimement contre Dreyfus avait tort.» 

«Je ne suis jamais descendu au Sofitel de Lyon», se défend Ramadan

Interrogé par le journaliste sur le réquisitoire supplétif pour «viol en réunion» délivré par le parquet de Paris le 26 juillet, Tariq Ramadan assure qu'il ne se trouvait pas à Lyon, où les faits se seraient produits, mais à Baltimore aux Etats-Unis. «Il n'y a pas d'arguments ni d'éléments qui corroborent ce qu'elle dit», a-t-il affirmé, ajoutant n'être «jamais descendu au Sofitel de Lyon» ni même connaître l'accusatrice. Il a expliqué n'avoir «jamais contacté» la plaignante. «Cette dernière plainte vient pour faire un écran de fumée sur ce que l’on sait aujourd’hui», a-t-il complété.

«Quand une femme me dit non c'est non. Je n'ai jamais été violent et je déteste la violence [...] Je suis un homme de paix et de dialogue», a-t-il fait valoir, qualifiant les plaignantes de «menteuses».

Dans le cas de Tariq Ramadan une femme peut être violée avec son consentement

Le prédicateur a aussi pointé du doigt «les noms qui apparaissent [dans le dossier] et que les juges ne veulent pas entendre» comme «Alain Soral, Ian Hamel [journaliste au Point] ou Caroline Fourest». Il a reconnu avoir «été en contradiction avec certains de [ses] principes», assurant que tout ce qu'il avait «fait avec une femme a toujours été dans le consentement». L'islamologue a également affirmé être «un homme avec ses contradictions» et non un «imposteur». «J’ai des excuses à présenter à ma famille, à dieu et à ceux qui ont pu être déçus dans la communauté musulmane», a-t-il encore souligné, disant avoir été «rappelé à [lui] même» par Dieu.

Se disant «victime d’une injustice» et assurant ne pas vouloir se «laisser faire» dans un «dossier qui ne tient pas», il a clamé : «Je ne serai pas condamné à 20 ans de prison.» Il a en outre soutenu qu'il serait «capable de pardonner» aux plaignantes quand elles «auront payé devant la justice». «Dans le cas de Tariq Ramadan une femme peut être violée avec son consentement», a-t-il enfin regretté, se demandant si le traitement médiatique de son affaire avait été similaire à celles de «Nicolas Hulot et Gérald Darmanin».

Audition prévue à l'automne

Tariq Ramadan est mis en cause dans des affaires de viol par plusieurs femmes en France et en Suisse. Depuis février 2018, l'intellectuel de nationalité suisse est mis en examen pour deux viols, dont un sur personne vulnérable, des accusations qu'il rejette catégoriquement. 

Pour la troisième plainte, il est actuellement placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté. Le 26 juillet, le parquet de Paris a délivré un réquisitoire supplétif pour «viol en réunion» et «menaces ou actes d'intimidation pour déterminer une victime à ne pas porter plainte ou à se rétracter».

Mi-novembre, le prédicateur, qui souffre d'une sclérose en plaques, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire français. Il a dû verser une caution préalable de 300 000 euros et remettre son passeport suisse.

Le 19 mars, la cour d'appel de Paris a maintenu les mises en examen qu'il souhaitait voir levées, pointant sa volonté de «dissimuler la réalité» de ses relations avec ses accusatrices. En effet, après avoir nié pendant des mois tout rapport sexuel avec ses accusatrices, il avait fait volte-face à l'automne et plaidé des relations «consenties».

Tariq Ramadan, 57 ans, doit par ailleurs être entendu à l'automne à Paris par un procureur helvète en vue d'une éventuelle inculpation dans l'enquête ouverte en Suisse.

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