Si la présidence des Républicains semble déjà jouée et promise au consensuel Christian Jacob, un autre candidat, Guillaume Larrivé tente d'abattre l'un de ses atouts pour renverser la donne.
Le député de l'Yonne doit trouver sa place entre la droite irénique représentée par Christian Jacob et le gaullisme social incarné par l'élu du Vaucluse Julien Aubert. En proposant sur Europe 1 le 27 août, la suppression du «droit du sol», Guillaume Larrivé fait là, de nouveau, un appel du pied à l'électorat conservateur des Républicains, ainsi qu'aux sarkozystes.
Le 11 août 2016, lors d'une interview pour Valeurs actuelles, l'ancien chef d'Etat Nicolas Sarkozy avait en effet évoqué l'idée de «faire évoluer le droit du sol vers une présomption de nationalité française» : «Ainsi un enfant né en France de parents étrangers serait, à sa majorité, "présumé Français". S’il n’est à ce moment pas convaincu d’activités terroristes ou de faits graves et réitérés de délinquance, ou encore, si ses parents étaient en situation irrégulière à sa naissance, il deviendra français ; dans le cas contraire, la "présomption" tomberait.» Les sarkozystes pourraient-ils être séduits par le jeune parlementaire de 42 ans ?
Guillaume Larrivé doit d'abord rompre avec le portrait d'«élu techno» et d'énarque que certains brossent de lui, lui qui se définissait même comme «un giscardo-sarkozyste» en 2013 auprès de l'Obs. Pour ce faire, Guillaume Larrivé veut endosser un côté droitard. Libéral économique assumé, il n'en demeure pas moins conservateur sur d'autres aspects, tel que le pan sociétal (anti-PMA pour toutes les femmes par exemple). Dans les faits, Guillaume Larrivé multiplie les prises de positions risquées depuis quelques années et entend bien les mettre de nouveau en avant pour affirmer son positionnement idéologique au sein des Républicains. Depuis 2013, il martèle par exemple sa volonté de transformer le code de nationalité et le droit du sol.
Profondément attaché à la logique de parti, certaines ambiguïtés dans ses actes, comme député notamment, ont pu cacher les convictions profondes de Guillaume Larrivé.
Il n'a par exemple pas suivi le Front national lorsque celui-ci proposait le 22 avril 2018 à l'Assemblée nationale un amendement pour... supprimer le droit du sol. Il affirmait alors s'opposer «au renoncement de la loi de la République» : «Le groupe Les Républicains n'est pas favorable à la suppression du droit du sol mais nous souhaitons que la loi de la République réaffirme une belle exigence républicaine», avait affirmé Guillaume Larrivé ce jour-là dans l'Hémicycle.
Dans la même interview à Europe 1, le 27 août, il a malgré tout rappelé que son ambition était de «redonner aux Français le droit de décider qui [devenait] Français», désirant rompre avec «l'automaticité» de l'acquisition de la nationalité lorsqu'un enfant naissait sur le territoire français et atteignait ses 18 ans. Dans son idée, ne peut être Français que ceux n'ayant pas commis d'acte de délinquance, ayant maîtrisé la langue française et respectant «l'assimilation».
Dans la même inspiration que certaines de ses précédentes sorties médiatiques, il réitère également sa volonté de stopper «l'immigration de masse».
Biberonné politiquement entre 2007 et 2011 dans le cabinet du ministre Brice Hortefeux, Guillaume Larrivé a du Fillon dans le ton, la jeunesse jouant certainement en sa faveur pour incarner un renouvellement politique. Reste que la tradition des Républicains, depuis l'ère chiraquienne, est celle du syncrétisme entre le centrisme libéral, le gaullisme social et la droite traditionaliste. Guillaume Larrivé pourrait être trop tranchant dans le texte pour rassurer certains bords des Républicains.
L'élection à la présidence du parti LR aura lieu le 13 octobre.
Bastien Gouly
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