Pour la première fois en France, un match de football a été interrompu car l’arbitre a constaté des chants homophobes proférés en tribune. Le vendredi 16 août, lors de la rencontre entre Nancy et Le Mans, comptant pour la quatrième journée de Ligue 2, Mehdi Mokthari a été contraint d’arrêter le match quelques instants alors que les Lorrains menaient un but à zéro contre les Sarthois.
Vers la demi-heure de jeu, un groupe de supporters nancéiens, les Saturday FC selon L’Est Républicain, entonne un chant à destination de leurs rivaux historiques du FC Metz, l’autre club phare de la région. «Et nous, on est le Saturday et pour l'amour du maillot on va chanter, et les Messins c'est des ''pédés'', et la Lorraine est rouge et blanche à tout jamais», peut-on entendre descendre des travées du stade Marcel Picot.
C’est alors que, comme le préconise désormais le règlement, le speaker lance une annonce demandant que ces chants soient arrêtés. Il n’en fallait pas plus pour déchaîner les foudres du groupe de supporters qui, en réponse, se met à scander : «La ligue, la ligue, on t'enc***.» La phrase de trop pour Mehdi Moktari, qui interrompt la rencontre quelques instants.
Cette décision a été saluée dans la foulée par la secrétaire d’Etat pour l'Égalité femmes-hommes et la Lutte contre les discriminations, Marlène Schiappa, sur Twitter. «Bravo à l'arbitre Mehdi Mokhtari d'avoir interrompu courageusement le match face aux chants homophobes entonnés lors de Nancy-Le Mans comme le permet le règlement. Le foot est un sport passionnant. Il doit le rester pour tous», a déclaré celle qui a commencé sa carrière politique à la mairie du Mans.
Toujours d’après L’Est Républicain, ce chant est régulièrement entonné par les supporters des chardons. Mais le stade Marcel-Picot n’est pas la seule enceinte à connaître ces types de comportements. En mars dernier, durant le «classico» opposant Paris et Marseille au Parc des Princes, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, s’était dite «horrifiée» après avoir constaté des propos du même acabit tenus par des supporters parisiens.
Néanmoins, dans un entretien accordé à nos confrères du Parisien en mars dernier, la présidente de la Ligue professionnelle de football (LFP), Nathalie Boy de la Tour, réagissant aux déclarations de la ministre, avait préféré parler de «folklore du foot». Elle avait rectifié le tir quelques semaines plus tard, en mai, toujours auprès du Parisien, assurant que «l’homophobie n’a rien à faire dans le sport».
Depuis le mois de mai dernier, la LFP s’est d’ailleurs engagée à faire remonter les actes discriminatoires dans les stades et à créer des procédures spécifiques pour faire cesser ces comportements. Une fiche de signalement a également été mise à disposition du public afin de faire cesser ces actes répréhensibles.
Interrogée par RMC Sport, la ligue est très ferme sur le sujet. «Concernant les incidents de Nancy-Le Mans, les délégués et les arbitres appliquent les consignes rappelées en début de saison en matière de lutte et de discriminations. La commission de discipline de la LFP se saisira du dossier lors de sa prochaine réunion programmée mercredi prochain [21 août]», a annoncé un représentant de l'instance auprès de la radio.