Selon les informations du site d'investigation Mediapart publiées le 14 juillet, lors de l'évacuation du pont de Sully à Paris investi par des activistes écologistes le 28 juin à Paris (Ve arrondissement), le commandant qui dirigeait la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) s'est évanoui pendant l'opération. Le pureplayer a eu accès à un compte-rendu rédigé par des policiers présents. On peut y lire à propos de ce commandant qu'il a perdu «connaissance par suffocation de gaz lacrymogène». Mediapart précise que plus de cinq litres de gaz ont été utilisés entre 13h14 et 13h39 ce jour-là, soit 10 conteneurs de gaz CS en 25 minutes.
On frôle le ridicule. C’est l’arroseur arrosé
Selon cette même source, l'opération s'est donc déroulée très rapidement : «13h06 : premières sommations par TI [technicien d’intervention]. 13h12 : réitération des sommations. 13h14 : utilisation à quatre reprises de conteneurs lacrymogènes.»
Un policier d'intervention interrogé par Mediapart a estimé : «C’est violent. [...] Mais il ne faut pas oublier une chose : nous répondons à des ordres. Si le préfet ou son adjoint mettent la pression pour qu’on évacue, ça peut donner ce genre de résultat chaotique avec un commandant qui en perd lui-même connaissance. On frôle le ridicule. C’est l’arroseur arrosé.»
Concernant la dangerosité du gaz lacrymogène de type CS, le syndicat de police ViGi avait déjà tiré la sonnette d'alarme le 6 juin 2019 dans un communiqué de presse et réclamé un changement de gaz pour une munition moins nocive plus proche du «gaz poivre» : «Pourquoi ignorer ces données scientifiques nombreuses publiées depuis des années en anglais, connues et reconnues mondialement en tout cas dans toutes les démocraties et qui ont fait que l’agent CS a été depuis des années déjà remplacé majoritairement par le "gaz poivre" produit à partir d’extraits de piment, un autre agent beaucoup moins nocif à court et moyen terme, tout en étant aussi efficace "sur le champ" ?»
Parmi les effets les plus graves recensés par les syndicalistes : des fausses couches pour les femmes enceintes, des réaction d'hypersensibilité multi-systèmes avec six mois de soins intensifs en service d’urgence, des syndromes de dysfonctionnement des voies respiratoires réactives pouvant durer plusieurs années avec des hospitalisations récurrentes et des obstructions graves des bronches et du larynx jusqu'à 21 jours après l'exposition.
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