France

Mort d'un homme après son expulsion : une manifestation dégénère dans la mairie de Chambéry (VIDEOS)

Des militants de Droit au Logement (DAL) ont fait irruption lors du conseil municipal de Chambéry pour protester contre une expulsion musclée d'un père de famille, lors de laquelle il a trouvé la mort. Une activiste a été placée en garde à vue.

Une manifestation contre les expulsions de logements a dégénéré le 8 juillet, dans la mairie de Chambéry (Savoie). Une militante de l'association Droit au Logement (DAL) a été placée en garde à vue après avoir mordu un policier, selon la directrice départementale de la sécurité publique Laetitia Philippon.

Plus d'une centaine de manifestants et militants du DAL s'étaient rassemblés devant la mairie de Chambéry pour exprimer leur colère après que Lakhdar Bey, père de famille de quatre enfants, est mort d'un arrêt cardiaque le 3 juillet lors de son expulsion musclée d'un logement HLM insalubre.

Comme en témoignent des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, les manifestants ont fait irruption lors d'une séance du conseil municipal, munis de banderoles pour protester contre les expulsions. «Les manifestants ont envahi la salle de la mairie où se déroule le conseil municipal», a commenté France Bleu.

Alors qu'ils ont été évacués de la mairie par la police, un des militants cité par le quotidien 20 Minutes estime «ne pas avoir été écouté» et regrette que le maire ait appelé la police qui s'est montrée selon lui «extrêmement violente». La scène d'évacuation a également été diffusée sur Twitter par France Bleu.

Trouver la mort lors d'une expulsion

La mort de Lakhdar Bey, 52 ans, survenue lors de l'expulsion d'un appartement insalubre par les forces de l'ordre, a frappé de stupeur le milieu associatif. Ce jour là, le père de famille s'était montré récalcitrant, redoutant que sa famille se retrouve à la rue. Selon un témoin de la scène cité par Le Parisien, «il s'est pris la tête avec les policiers, il s'est débattu alors qu'ils essayaient de le menotter, il les insultait». D'après plusieurs personnes citées par le quotidien, les forces de l'ordre l'auraient traîné de force dans l'escalier où il aurait aurait continué à s'énerver et aurait fait un premier malaise. Puis le quinquagénaire aurait été traîné jusqu'à la voiture des forces de l'ordre, où il aurait fait un nouveau malaise. Sa tête aurait heurté le sol ; les secours seraient arrivés, sans parvenir à ranimer l’individu.

Sa femme, qui a assisté à l'évacuation musclée, sous les yeux des enfants affolés, affirme que les policiers savaient que ce père de quatre enfants «était malade» et que l'un d'eux aurait répondu «je m'en fous» lorsque cela lui a été signalé. De fait, Lakhdar Bey avait déjà fait trois AVC et souffrait de problèmes cardiaques. L'inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie à la suite du drame et a démarré son enquête le 4 juillet. L’autopsie a révélé un dysfonctionnement cardiaque mais aucune trace de violence

Deux tentatives d'expulsion de Lakhdar Bey récemment menées n'avaient pas été concluantes. L'homme n'avait pas réglé le loyer pour cette appartement inoccupé depuis deux ans, «insalubre, sans eau ni électricité» selon le DAL 38, avant qu'il n'y installe sa famille quelques mois plus tôt.

Dans un communiqué publié le 8 juillet, l'association Droit au Logement a mis en avant un mois de juillet pendant lequel «de nombreuses familles avec enfants [ont été] mises à la rue sans relogement», affirmant que le nombre d’expulsions n’avait jamais été aussi élevé en France. «Cette situation dramatique est la conséquence directe de politiques du logement irresponsables qui privilégient les économies sur le logement social, sur les APL, et qui nourrissent la cherté du logement et la spéculation immobilière», dénonce le texte.

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