Selon des témoignages et des documents recueillis par Le Monde, le militantisme en ligne de certains députés et responsables LREM ressemble fort à des pratiques que la macronie affirme pourtant combattre chez ses adversaires.
Les activités de certains d'entre eux ont notamment été épinglées sur le réseau social Telegram. Le quotidien du soir explique par exemple avoir consulté les archives d'un groupe baptisé Riposte en Marche, celui-ci comptant pas moins de 600 inscrits, parmi lesquels «12 députés, une vingtaine de collaborateurs parlementaires, des membres du Conseil économique, social et environnemental, ou encore le responsable numérique [du parti présidentiel]». Le groupe en question aurait ainsi cumulé «des dizaines de demandes de relais de messages attaquant des journalistes, ou d’appels à "réagir" ou à "riposter" sous les articles qui déplaisent». «La logique [du groupe Telegram] sous forme coordonnée envers des cibles désignées était en place dès 2017 et la présidentielle», précise Le Monde.
En outre, dans le même groupe, il aurait été demandé à des volontaires «d’aller "infiltrer" anonymement des groupes Gilets jaunes [et de la France insoumise] sur le web».
Capture d'écran à l'appui, on voit également que la députée Aurore Bergé n'a pas manqué d'inciter les membres du groupe «à relayer massivement» une publication concernant «les dégradations et des intrusions sur le site de l'hôpital la Pitié Salpêtrière», celles-là même qui avaient fait l'objet d'une interpétation hâtive de la part de Christophe Castaner, dans la foulée du défilé du 1er Mai.
Toujours selon le quotidien qui évoque un document corédigé par plusieurs responsables locaux LREM, cette stratégie numérique aurait été détaillée début 2018 dans le but d’«établir une task force électorale» et de «favoriser un vote pro-européen grâce aux réseaux sociaux».
Des profils Twitter récemment créés pour en gonfler d'autres, à l'utilisation d'un faux compte usurpant le selfie d'une actrice pornographique pour l'utiliser en photo de profil, en passant par les propositions de «créer des pétitions [anonymes] de soutien au gouvernement», les méthodes ne manqueraient donc pas pour permettre au parti présidentiel d'influencer la toile, quitte à faire ce que les macronistes critiquent chez leurs opposants.
«C’est à l’opposé des politiques que nous voulons promouvoir, c’est vrai», reconnaît ainsi un responsable local LREM interrogé par Le Monde.
Porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé s'explique pour sa part en ces termes : «On est le parti le plus attaqué, on doit être vigilants, on doit armer les militants à réagir.»