D'après une contre-autopsie réalisée à Alger que Le Média s'est procurée et a publiée sur son site le 1er juillet, la mort de Zineb Redouane serait directement liée au tir d'une grenade lacrymogène par un membre des forces de l'ordre qu'elle a essuyé en décembre dernier. «La victime présentait un important traumatisme facial imputable à l’impact d’un projectile non pénétrant. […] L’importance de ce traumatisme est directement responsable de la mort par aggravation de l’état antérieur de la défunte, malgré les soins prodigués en urgence», explique le rapport réalisé en Algérie, où le corps de la défunte avait été rapatrié le 25 décembre dernier.
Cette thèse expliquant le décès de cette octogénaire était déjà soutenue en avril par l'avocat de la famille, Yassine Bouzrou. «Il faut savoir que ce tir de grenade a provoqué des fractures sur l'ensemble du visage [...] Nous avons des photos insoutenables du visage de la défunte», expliquait alors sur RT France Yassine Bourzou. «Il se trouve qu'à la suite de cette explosion de grenade au visage, madame Redouane a été conduite aux urgences dans un état critique et ce sont les opérations rendues nécessaires par cette grave blessures qui ont entraîné la mort. Dire qu'il n'y a pas de lien est totalement faux», ajoutait-il.
Les conclusions de cette contre-autopsie viennent sinon contredire, du moins fragiliser l'interprétation que le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner et le procureur de la République de Marseille Xavier Tarabeux avaient faite des résultats de l'autopsie réalisée à l'hôpital de la Timone de Marseille. Sur la foi de ces éléments, ceux-ci avaient mis en cause un «choc opératoire» ainsi que des antécédents médicaux, excluant une responsabilité directe des forces de l'ordre dans le décès. «[Cette autopsie avait révélé que le] choc facial n'était pas la cause du décès», avait déclaré Xavier Tarabeux le 3 décembre.
Le 1er décembre, en marge de l'acte 3 des Gilets jaunes à Marseille, Zineb Redouane, 80 ans, avait été touchée au visage par des morceaux de grenade lacrymogène alors qu'elle se trouvait à sa fenêtre, au 4e étage. Elle était décédée le lendemain, sur la table d'opération.
Cinq CRS présents ce jour-là sur la Canebière ne se souviennent de rien
Mediapart rapporte en outre, ce 2 juillet, que cinq CRS armés de lance-grenades de type Cougar était déployés le 1er décembre 2018 sur la Canebière, d'où est parti le tir de grenade lacrymogène qui a touché Zineb Redouane. Ces CRS, ainsi que leur officier, ont affirmé à l’inspection générale de la Police nationale (IGPN) ne pas se souvenir de qui avait blessé l’octogénaire. Mais trois de ces fonctionnaires de police n'excluent pas être à l'origine du tir.
Fin juin, le parquet général d'Aix-en-Provence a demandé le dépaysement de l'enquête sur la mort de l'octogénaire. D'après les avocats de la famille de Zineb Redouane cités par l'AFP, la requête a été transmise à la Cour de cassation qui pourra choisir quelle juridiction prendra le relais du tribunal de grande instance de Marseille.