La cause animale à réussi à abolir les inimitiés politiques. François Ruffin, Eric Coquerel, députés La France insoumise (LFI), Cédric Villani ou Corinne Vignon, députés La République en marche (LREM), les sénateurs Esther Benbassa, d'Europe Ecologie les Verts (EELV) ou Hervé Bazin des Républicains, militent à l'unisson dans un clip inédit visant à promouvoir un projet de loi destiné à interdire la présence d'animaux sauvages dans les cirques en France, publié sur YouTube ce 29 juin.
Outre 15 députés, deux sénateurs et d'autres figures politiques, comme l'écrivain Aymeric Caron ou l'actrice Helène de Fougerolles et les 11 principales associations de la cause animale comme L214 ou la fondation Brigitte Bardot ont rejoint ce curieux attelage. Tous se mobilisent autour du hashtag : #jeveuxcetteloi.
«Il y a tout à fait la possibilité de faire du très beau cirque sans utilisation des animaux», lance l'insoumis François Ruffin. «Adressez-vous au ministre et demandez-lui d'interdire la présence des animaux dans les cirques», incite Régis Juanico, député socialiste.
En effet, un groupe de travail sur la question du bien-être animal a été créé au sein d'une commission sur les métiers de la fête foraine et du cirque. Le ministère de la Transition écologique devra statuer cet été sur un bannissement des bêtes dans ces spectacles. Les défenseurs des animaux se mobilisent donc et conseillent d'écrire à François de Rugy, le ministre concerné. Ils incitent à faire pression sur les comités d'entreprise pour qu'ils cessent d'acheter les places de ces cirques ou encore à manifester devant les mairies.
La cause animale : un thème transpartisan
Un tel mariage de la carpe et du lapin, unissant des élus LFI et LR, EELV et PS, est rendu possible par un sujet aujourd'hui fédérateur et transpartisan : la cause animale. Elle bénéficie actuellement en France d'une conjoncture favorable. Le quasi-inconnu Parti animaliste a créé la surprise aux élections européennes, avec un score inattendu de 2,17%. La maltraitance animale est dénoncée en France sur les réseaux sociaux et dans les médias grâce au combat des associations.
Mais même si un récent sondage a révélé que 67% des Français étaient contre la présence des animaux dans les cirques, l'Hexagone n'a pas légiféré en la matière, contrairement à d'autres pays européens. Pas moins de 24 d'entre eux ont en effet interdit l'exploitation des bêtes sauvages dans les cirques. 361 communes en France leur ont emboîté le pas en prenant un arrêté ou une délibération dans ce sens. De grandes villes comme Lille, Strasbourg ou Grenoble se sont prononcées, même si parfois la décision a ensuite été annulée par la préfecture ou le tribunal administratif et si le bras de fer avec les cirques s'est engagé.
Paris n'est pas en reste, mais sa position reste ambiguë. En décembre 2017, une lutte des élus écologistes avait permis de faire voter un vœu au Conseil de Paris visant à refuser l'exploitation des animaux sauvages dans les cirques. Problème : aucune date n'avait été fixée. Ces spectacles continuent à se produire dans la capitale malgré l'opposition de certains élus comme la conseillère de Paris LFI Danielle Simonnet, qui apparaît dans la vidéo et plaide en faveur de ce projet de loi. Elle dénonce dans un tweet les atermoiements de Paris : «Exigeons une loi pour interdire les cirques avec animaux sauvages ! La place des animaux sauvages n’est pas d’être enfermés dans un cirque. La Mairie de Paris doit cesser son hypocrisie à ce sujet et interdire les cirques avec animaux sur son territoire.»
Du côté de la commission interministérielle Cirque et zoo, certains sont confiants. «On est vraiment à un tournant historique et on espère que le gouvernement va prendre la bonne décision d'interdire les cirques avec les animaux sauvages, comme les 24 autres pays de l’Union européenne», a déclaré Alexandra Morette de l'association Code animal, qui figure dans la vidéo.