France

Trop d'interventions, pas assez de moyens : début de grève pour les pompiers de France

Les sapeurs pompiers débutent une grève de deux mois, pour réclamer une hausse de la prime de feu, davantage d'effectifs, tandis que leur nombre d’interventions augmente à cause d'une mauvaise organisation des services de secours.

Problèmes d'effectifs, de rémunération, de charge de travail, d'incivilités : après les urgentistes, en grève depuis trois mois, les pompiers sont à bout à leur tour. Sept organisations syndicales de sapeurs pompiers, représentant 85% de l'effectif de 40 500 pompiers professionnels, ont déposé ce 26 juin un préavis de grève. Outre l’augmentation de la prime de feu de 28% et des recrutements massifs, les pompiers expriment leur refus de la réforme de la fonction publique, qui porte atteinte à leur statut. 

Les soldats du feu ont prévu de faire grève jusqu'au 31 août. Ils ont envoyé leur préavis sous forme d'une lettre à leur ministre de tutelle, Christophe Castaner. Malgré le ras-le-bol de ces sauveteurs, leur grève n'aura pas d'incidence sur les interventions. Ils signaleront juste leur grève par le port d'un brassard – à l'instar des urgentistes – ou d'inscriptions sur les casernes. 

On a affaire aujourd’hui à un mépris total et à des positionnements odieux vis-à-vis de notre corporation

«C’est l'expression d’un ras-le-bol généralisé qui remonte à quelques mois et qui explique que le service public de secours à la française est malade. Malade de son incapacité future et actuelle à pouvoir gérer le nombre d’interventions qui est fluctuant parce que les services de l’Etat n’assurent plus leurs missions régaliennes. Ce qui nous contraint à une sursollicitation», explique André Goretti, président de la Fédération autonome des sapeurs-pompiers, interrogé par RT France. «On a affaire aujourd’hui à un mépris total et à des positionnements odieux vis-à-vis de notre corporation, ce que nous n’acceptons plus», déplore-t-il.

Mauvaise coordination entre les services de secours à la personne

Le nombre d’interventions des sapeurs-pompiers augmente chaque année de 7% et se chiffre aujourd'hui à 4,6 millions. Le «secours aux personnes» représentant une proportion de 84%, contre environ 50% au début des années 2000. En cause, les déserts médicaux, une mauvaise coordination avec le SAMU. Les sapeurs pompiers sont donc confrontés à des interventions qui ne relèvent pas de leur périmètre.

La Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France dénonce une «organisation du secours d’urgence aux personnes [...] aujourd’hui à bout de souffle». Rapprocher les acteurs de l'urgence (SAMU, police, gendarmerie, pompiers) en une plateforme unique semble bien être une première piste envisagée par le ministère de l'Intérieur pour éviter les appels intempestifs. Mais il ne semble pas enclin à enclencher une salve de recrutements massifs ou à augmenter la prime de feu.

Les pompiers s'inquiètent également des agressions dont ils sont victimes dans les quartiers dits sensibles. 2 813 pompiers avaient déclaré s'être fait agresser en 2015, contre 1 939 en 2015, selon des chiffres de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP).

Quelques responsables politiques ont assuré leur soutien aux soldats du feu. Ainsi la députée La France insoumise (LFI) Danielle Obono a relayé leur demande de «moyens et d'effectifs» tout en déplorant leurs «conditions de travail honteuses».

Jordan Bardella, le vice-président du Rassemblement national (RN), a de son côté certifié son «soutien inconditionnel» vis-à-vis des sapeurs-pompiers.

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