France

Quand Macron trouvait l'idée d'un «ordre des journalistes» digne du fascisme

Comme Emmanuel Macron, le secrétaire d'Etat chargé du Numérique veut réguler la presse, avec l'idée de créer une institution dédiée à cela. Pourtant, en 2017, le candidat d'En Marche! y voyait une mesure digne de l'Italie fasciste.

Le 25 juin, le gouvernement a poussé son offensive contre la liberté de la presse, initiée par Emmanuel Macron en janvier 2018. Dans un entretien accordé à Reuters, le secrétaire d'Etat chargé du Numérique Cédric O, qui succède à ce poste à Mounir Mahjoubi, a relancé l'idée de créer un «Conseil de l'ordre des journalistes», à vocation clairement disciplinaire.

«Je considère qu’il doit y avoir un Conseil de l’ordre des journalistes, des journalistes entre eux, qui prennent des décisions et qui disent à l’Etat : "Vous devez retirer l’agrément de tel ou tel canard, mettre des avertissements’"», a-t-il détaillé. Ces propos, s'ils ne permettent pas d'apprécier dans le détail les contours et les compétences de cette hypothétique institution, n'ont toutefois pas tardé à susciter de très vives réactions d'hostilité de la part de nombreux journalistes.

A noter que, dans cette même interview, le secrétaire d'Etat – ancien protégé de Dominique Strauss-Kahn – a clairement désigné «Russia Today» (soit RT France) et Sputnik, accusés de fragiliser la démocratie avec pour projet, ni plus ni moins que «l'arrivée au pouvoir de tel ou tel parti politique». Et d'ajouter : «Moi je considère qu’il y a un risque monstrueux [...]  C’est aux journalistes de le faire, ce n’est pas à l’Etat de le faire. S’ils ne le font pas, ce sera l’Etat qui le fera, au bout du bout.»

Moi depuis l'Italie des années 1930, je n'avais pas vraiment croisé ça

Les médias russes seraient-ils un prétexte à une reprise en main des nouveaux médias et des réseaux sociaux, dont la position n'est pas toujours favorable au pouvoir ? Quoi qu'il en soit, l'idée d'un conseil de discipline n'est pas nouvelle. De façon surprenante, elle a été évoquée par le Front national en avril 2017, dans un contexte tout autre, sous l'appellation presque identique d'«ordre des journalistes».

Et de façon encore plus surprenante, le candidat à l'élection présidentielle avait commenté au mois de mai 2017 la proposition du Front national de la façon suivante sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin, sur BFMTV, comme le relève Marianne. «Je vois le projet, qui a été ébruité, d'un ordre des journalistes, qui est une pratique intéressante, que je vous recommande, mais moi depuis l'Italie des années 1930, je n'avais pas vraiment croisé ça.»

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