France

Après des mois de mobilisation des Gilets jaunes, Emmanuel Macron admet une «erreur fondamentale»

Lors d'un discours à Genève, le président de la République a reconnu une «erreur fondamentale» de méthode de l'exécutif, après plusieurs mois d'une «crise très dure» : avoir considéré qu'il y avait en France des «sachants» et des «subissants».

Invité de l'Organisation internationale du travail (OIT), Emmanuel Macron s'est exprimé au Palais des Nations de l’ONU à Genève le 11 juin. Il a notamment promis de s'attaquer au néolibéralisme, affirmant que ses ravages sur le modèle social nourriraient «les extrêmes», mais a également formulé un mea culpa quant à sa gestion des affaires politiques.

Nous avons peut-être parfois construit des bonnes réponses trop loin de nos concitoyens, en considérant qu'il y avait des "sachants" et des "subissants"

«La France a traversé ces derniers mois une crise très dure ; mais que j'ai personnellement vécue comme une forme d'opportunité. Parce que le peuple français ne se résout jamais. Et lorsqu'il dit avec force ce qu’il a dit, je crois qu'il faut avec beaucoup d'humilité savoir écouter, savoir constater ce qu’on a mal fait, ne pas arrêter de faire ce qu’on doit faire, savoir changer de méthode mais entendre [...] l'intuition, le message profond», a-t-il déclaré en clôture du discours, en référence de toute évidence à la crise des Gilets jaunes, commencée en novembre 2018, et qui s'est nettement affaiblie au printemps. Et le président de la République d'ajouter : «Nous avons peut-être parfois construit des bonnes réponses trop loin de nos concitoyens, en considérant qu'il y avait des "sachants" et des "subissants". Je pense que c’était une erreur fondamentale», a-t-il ajouté.

Le chef d'Etat a également prôné une nouvelle approche de la politique, à toutes les échelles : «Notre responsabilité collective, c'est de transformer notre manière de faire [...] de la façon la plus intime, dans l’entreprise, sur nos territoires, mais aussi au sein du gouvernement.»

Ce n'est pas la première fois qu'Emmanuel Macron reconnaît que l'exécutif, sous sa présidence, a commis des erreurs. En mars dernier par exemple, le président avait confié à la télévision italienne, à propos de sa gestion de la crise des Gilets jaunes : «Quand on va trop vite, qu’on est trop rapides ou trop caricaturaux, on fait des erreurs. Moi, j’en ai fait d’ailleurs par le passé, c’est une partie de l’explication de la crise.» Et d'ajouter : «On ne peut pas laisser les gens qui ont besoin de travailler, de vivre, de bouger, face à une impossibilité de mobilité pour quelque raison que ce soit. Il faut les réconcilier. C’est par l’expertise scientifique, par le dialogue, la concertation et par l’innovation.»

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