France

Vers une alliance entre macronistes et écologistes ?

La vague verte des européennes annonce la constitution d'une majorité européenne avec les libéraux (auxquels LREM est affiliée) et les écologistes. Un rapprochement prometteur pour la macronie en vue des municipales et de la prochaine présidentielle.

La percée des partis écologistes aux élections européennes du 26 mai dernier, notamment en France et en Allemagne, va-t-elle changer la donne politique pour le parti d'Emmanuel Macron ? Outre la réserve de voix que cet électorat jeune et urbain pourrait représenter pour La République en marche (LREM) en vue des prochaines municipales et de la présidentielle de 2022, les nombreux eurodéputés écologistes appelés à siéger au Parlement européen pour la mandature à venir pourraient offrir à la macronie une occasion de siéger parmi la majorité à Strasbourg.

Tel était en effet le pari de LREM pour ces élections : s'implanter dans l'hémicycle européen malgré une situation minoritaire, entre le PPE (droite) et le S&D (socio-démocrates). Or, ces deux groupes parlementaires affichent un très net recul, avec 180 sièges pour l’un (23,97 %) et 152 pour l’autre (20,24 %), dû à la déroute des partis qui leur sont affiliés dans de plusieurs gros pays, notamment en France, en Allemagne, ou encore en Italie. Ils ne disposent plus à eux seuls de la majorité absolue, comme c'était le cas sans discontinuer depuis les premières élections européennes de 1979.

Théoriquement, les deux blocs auront donc besoin de s'allier avec d'autres groupes pour parvenir à former une majorité. L'ADLE (libéraux), groupe auquel LREM est appelé à s'affilier, est fortement pressentie pour en faire partie – en ce sens, le pari d'Emmanuel Macron, qui voulait implanter son parti dans le paysage politique européen et le rendre incontournable est réussi. Mais, concrètement les écologistes, avec leurs 67 sièges, pourraient également être associés à la grande coalition qui se prépare.

Objectif 2022

Cette configuration inédite à quatre semble être celle sur laquelle misait LREM dès avant les résultats du scrutin. Ainsi, Stéphane Séjourné, directeur de campagne de Nathalie Loiseau, affirmait déjà le 10 mai dernier qu'une telle alliance incluant les écologistes était «probable». La «vague verte» ayant porté Europe Ecologie Les Verts à 13,5% le 26 mai vient confirmer cette probabilité. «Le groupe dans lequel nous allons nous retrouver va être un groupe charnière qui va pouvoir en quelque sorte être un moteur dans la création d’une alliance progressiste et pourquoi pas avec les Verts», a confirmé Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, au lendemain des élections.

Ce 28 mai, c'est au tour du ministre de l'Ecologie François de Rugy, lui-même transfuge écologiste passé chez LREM, d'enfoncer le clou : «Nous devons tendre la main aux écologistes [...] Il y a une majorité à constituer au Parlement européen, moi je suis convaincu que les écologistes responsables ont toute leur place», a-t-il déclaré sur Radio Classique, citant en exemple les Verts allemands, qui «ont envie de travailler» avec LREM.

Au-delà de la constitution d'une majorité européenne, l'intérêt de la macronie pour les écologistes semble appelé à peser sur ses futures orientations stratégiques, notamment pour les élections municipales de 2020. A ce sujet, Sibeth Ndiaye a réagi de manière plutôt optimiste : «Voyons s’il y a des convergences sur le fond avec les écologistes au niveau européen ou au niveau municipal et avisons dans ce cas-là !»

Mais, derrière le vocabulaire soigné appelant à une convergence, l'intention de la majorité présidentielle est bel et bien de creuser ce qui apparaît comme un gisement de voix prometteur pour la prochaine élection présidentielle. Cité par Le Figaro, un conseiller gouvernemental détaille sans circonlocutions les grandes lignes de ce que devrait être le positionnement de LREM pour les années à venir : «2022, va peut-être se jouer sur l'écologie : il y a une masse de personnes qui peuvent être retournées ds les 2 ans, c'est là que se situe le dernier réservoir de voix, on ne pourra pas siphonner davantage la droite et le PS.»