La liste du Rassemblement national (RN), menée par Jordan Bardella, remporte le scrutin européen en France le 26 mai, obtenant 23,31% des suffrages. Cette fourchette confirme les sondages réalisés lors de la campagne. La majorité présidentielle, qui espérait voir sa politique nationale validée dans les urnes, a perdu son pari.
Ni la résurgence de l'affaire des assistants d'eurodéputés frontistes, à quelques heures de la fin de la campagne le 23 mai dernier, ni les accusations de collusion avec l'étranger n'auront affaibli la dynamique. Le parti fondé par Jean-Marie Le Pen réédite ainsi sa performance de 2014. Si le nombre de députés dans l'hémicycle européen du parti présidé par Marine Le Pen ne devrait pas beaucoup évoluer, cette victoire s'inscrit dans la vague nationaliste qui bouleverse la donne politique depuis des mois dans les démocraties occidentales.
Vers un «reset» de la politique française ?
Le parti souverainiste a touché les dividendes de ses réorientations programmatiques. Depuis l'élection présidentielle de 2017, le RN a renoncé à prôner la sortie de la France de la monnaie unique, thématique anxiogène notamment pour l'électorat âgé.
Le RN semble avoir su profiter par ailleurs d'une mobilisation des électeurs en hausse. Et, contrairement à La France insoumise, du climat de contestation, après six mois de mouvement des Gilets jaunes. Reste désormais à voir si le parti de Marine Le Pen sera en capacité de former des alliances au sein du Parlement européen, afin d'y exercer une réelle influence.
D'un point de vue strictement hexagonal, la victoire du RN pourrait bien rebattre les cartes, avec un «reset» de la politique français, selon l'expression de l'ancien conseiller de Donald Trump, Steve Bannon. En outre, la défaite de la majorité présidentielle pourrait aboutir à un remaniement du gouvernement. Emmanuel Macron avait d'ailleurs haussé le ton. «Après les européennes, moi, je serai toujours là. Vous, c’est pas sûr », avait-il lancé aux ministres le 30 avril dernier.
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