La première semaine du procès des époux Balkany, Patrick et Isabelle, touche à sa fin. Les réquisitions du Parquet national financier (PNF), dans le volet «fraude fiscale», ont été rendues publiques. Le PNF a requis, ce 16 mai, quatre ans de prison avec mandat de dépôt contre Patrick Balkany, maire Les Républicains de Levallois-Perret, et quatre ans, dont deux fermes, contre Isabelle Balkany, son épouse et première adjointe. Le parquet réclame également une peine d’inéligibilité de dix ans pour le couple. Isabelle Balkany pourra, si elle est condamnée, bénéficier d’un aménagement de sa peine, les procureurs ayant tenu compte de sa «fragilité physique et psychologique» après sa tentative de suicide, le 1er mai.
Dans ce volet de «fraude fiscale», les Levalloisiens sont poursuivis pour avoir omis de payer l’impôt sur la fortune et sous-évalué leurs revenus entre 2009 et 2014. Le fisc estime à 4 millions d’euros au total la somme due. L’audience, qui se déroule devant le tribunal correctionnel de Paris, reprendra du 20 mai au 20 juin, avec l’examen du principal volet du procès pour «blanchiment et corruption». Il fera l’objet d’un réquisitoire distinct du PNF.
Balkany en scène
Durant ces quatre premiers jours de procès, Patrick Balkany a tenté de se défendre tant bien que mal. A sa sortie d’audience le 14 mai, il avait déclaré : «J’ai commencé la politique avec ma femme, nous étions riches. On la finit pauvres.» L’ancien député de Hauts-de-Seine a paru agacer son conseil, Eric Dupond-Moretti, toujours le 14 mai, le reprenant sur son âge et celui de sa femme, alors que ce dernier s’adressait aux caméras. «Si vous y mettez votre grain de sel c’est injouable», lui a alors rétorqué son avocat, désabusé.
Le lendemain, Benjamin Blancher, président de la 32e chambre correctionnel, a été obligé d’intervenir. «Je demande à la salle de cesser de rire, nous ne sommes pas au spectacle», ordonne-t-il. En scène, Patrick Balkany tente de justifier son train de vie. «En tout cas, c’est notre argent, ce n’est pas un argent qui est tombé du ciel. Je veux dire en cela que je n’ai été corrompu par personne. J’ai horreur de la corruption», explique-t-il à la barre, provoquant l’ire de la salle.
Il ose même rejeter la faute sur ses «gestionnaires». «Je ne m’occupais de rien. Ces gestionnaires, ils vous disent qu’ils gèrent, c’est eux qui décident de tout et en fait, ils prennent des commissions. Aujourd’hui, ils ont vidé les comptes, ils ont tout mangé, il n’y a plus rien», a-t-il argué, mettant également en cause le «fisc français» dont «on connaît les méthodes», selon lui. Rendez-vous le 13 septembre prochain, date à laquelle le tribunal correctionel de Paris rendra son jugement dans le premier volet du procès des époux Balkany.
Alexis Le Meur