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LBD 40 : des policiers auraient été équipés sans habilitation, selon le syndicat ViGi

Selon les révélations d'un syndicat, des policiers auraient reçu l'ordre oral de porter des lanceurs de balle de défense sans y être habilités lors des manifestations de Gilets jaunes. Le secrétaire général de ViGi Police répond à RT France.

Selon les révélations du syndicat de police ViGi, qui s'est exprimé à cet égard sur le réseau social Twitter le 6 mai, des policiers mobilisés dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre auraient reçu l'ordre oral de s'équiper de lanceurs de balle de défense LBD 40 sans habilitation.

Utilisée à des milliers de reprises au cours de l'hiver, principalement par des membres de la police nationale, en première ligne lors des manifestations des Gilets jaunes à travers la France, cette arme a occasionné plusieurs dizaines de blessures graves. Une polémique d'ampleur internationale s'en est suivie lorsque l'ONU s'est inquiétée de son usage. Depuis lors, le nombre de tirs en manifestation a décru, mais l'arme est toujours utilisée par les forces de l'ordre.

Contacté par RT France, le secrétaire général du syndicat ViGi Police, Alexandre Langlois, a maintenu la version de son organisation et a souligné qu'il s'agissait de témoignages à la marge, mais que certains fonctionnaires auraient bien reçu, selon lui, des ordres oraux de la part de leur hiérarchie pour porter le LBD 40 lors de leurs missions de maintien de l'ordre sans habilitation.

Selon les explications que ce policier syndicaliste engagé affirme avoir pu recueillir, deux types de logiques seraient avancées : «Certains de ces collègues se sont dit que s'ils refusaient d'emporter le LBD sur le terrain, leur hiérarchie allait leur mettre la pression sur leurs congés et leurs jours de repos. D'autres se sont dit : "Je le prends et j'espère ne pas avoir à m'en servir". Mais ces derniers avaient conscience qu'en cas d'accident, ils allaient se retrouver tous seuls à la barre.»

Alexandre Langlois estime que ces ordres présumés relèvent d'une certaine «bêtise de la hiérarchie» et détaille : «Pour que les directeurs touchent leurs primes de fin d'année qui doublent parfois leurs salaires, il faut qu'ils justifient de certains chiffres.» En l'occurrence, explique le syndicaliste, les statistiques liées à l'usage du LBD 40 entreraient en ligne de compte dans ces évaluations professionnelles : «On leur dit qu'il faut qu'il y ait tant d'armes qui soient sorties pour telle ou telle manifestation, alors ils appliquent ce qu'on leur demande.» Résultat, à en croire ces révélations de la part de ViGi Police, s'il manque des habilitations, on demanderait à l'oral à des policiers non-habilités de porter le lanceur de balle de défense pendant leur mission.

Alexandre Langlois se désole : «Nous sommes gérés par des gens qui appliquent bêtement une doctrine chiffrée. Le pire, c'est que l'habilitation pour le LBD 40 est une vraie blague, ce n'est pas une formation à proprement parler, c'est plutôt une mesure qui vise à couvrir l'administration en cas de problème. Cela révèle aussi l'opacité dans laquelle travaille l'Inspection générale de la police nationale [IGPN], c'est-à-dire que dans le cas du commandant de police [Didier Andrieux] à Toulon qui pète les plombs, il n'y a pas de suites, alors que le collègue lambda qui fait un mauvais tir au LBD, il va se faire crucifier par l'administration au nom de l'opinion publique.»

Le 28 janvier, le Collectif autonome des policiers d'Ile-de-France avait déjà alerté sur l'usage intensif de la force et des armes non-létales dans les manifestations des Gilets jaunes et avait prévenu : «Les collègues qui font n'importe quoi, il faudra qu'ils assument, mais ce ne sont pas forcément ceux qui auront le plus mal agi qui seront les plus sanctionnés.»

Interrogé par RT France le 21 mars, un policier de ce même collectif avait réitéré : «Qui devra assumer les conséquences en cas de blessure grave d'un casseur ou d'un manifestant ? La nouvelle doctrine, c'est quoi ? C'est de leur rentrer dedans ? On a des flics frustrés, fatigués et qu'on incite souvent à se désengager et à fuir même... Alors la réplique de fermeté du gouvernement, elle est à double-tranchant pour nous ; nous, les policiers, il va falloir que nous fassions plus attention que jamais, parce que si nous sommes inquiétés par l'IGPN [Inspection générale de la police nationale], le ministre de l'Intérieur ne sera pas là pour nous tenir la main. Le fonctionnaire concerné sera tout seul.»

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Antoine Boitel