Le président de la République française a rencontré le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, pour discuter d'un chiffre : selon cette association «au moins 90 violences policières ont été constatées» contre la presse depuis le début du mouvement des Gilets jaunes.
Le 3 mai, le secrétaire général de RSF a ainsi relaté son entretien avec Emmanuel Macron : «On a fait passer clairement le message, le président a dit qu'il ne se contenterait pas de faire passer un message au ministre de l'Intérieur.» Emmanuel Macron se serait engagé à ce que des «actions soient prises» et aurait assuré qu'il «suivrait le dossier».
Selon Christophe Deloire, ces accidents de maintien de l'ordre sont «notamment le fait de brigades anti-criminalité [BAC], elles ne sont pour l'essentiel pas le fait des forces habituées au maintien de l'ordre» et de préciser : «Il est essentiel que des ordres soient passés et que soient sanctionnés ceux qui ont perpétré des violences délibérées.»
Selon les informations de FranceInfo, l'Elysée aurait confirmé qu'«Emmanuel Macron suivait ça de très près et qu'il suivrait le dossier aussi dans un avenir proche.»
La pression des syndicats de la presse s'est récemment accentuée : le SNJ, le SNJ-CGT et la CFDT-Journalistes ont ainsi réclamé «l'engagement» du gouvernement pour «que cessent ces attaques contre les libertés constitutionnelles que sont la liberté d'informer et d'être informé».
Le gouvernement osera-t-il sanctionner les policiers ?
Des sanctions vont-elles prochainement tomber sur les policiers reconnus coupables de débordements en manifestation ? Un geste en ce sens pourrait avoir des conséquences sur la qualité des relations entre les grands syndicats de police et le ministère de l'Intérieur. Les policiers de terrain, et plus particulièrement les effectifs des BAC, des Compagnies républicaines de sécurité (CRS) et des compagnies d'intervention, très sollicités par leur employeur depuis la crise sociale des Gilets jaunes, pourraient également se sentir lâchés par le gouvernement, après qu'il leur a pourtant été demandé de maintenir l'ordre pendant 24 actes et le 1er Mai, parfois avec des ordres contradictoires, ainsi que l'ont confié des policiers associatifs à RT France.
Le burn-out et son funeste corollaire, le suicide, deviennent également des sujets très récurrents au sein des forces de sécurité intérieure et plusieurs collectifs. Le 25 avril, 48 des 61 fonctionnaires de la compagnie CRS 51, basée à Saran, près d'Orléans, se sont mis en arrêt de travail alors qu'ils étaient censés assurer une mission de sécurisation dans le quartier de Joué-lès-Tours, où étaient attendus les secrétaires d'Etat Marlène Schiappa et Laurent Nunez.
Le 21 mars, un policier du Collectif autonome des policiers d'Ile-de-France avait vu juste et confiait justement à RT France : «Qui devra assumer les conséquences en cas de blessure grave d'un casseur ou d'un manifestant ? La nouvelle doctrine, c'est quoi ? C'est de leur rentrer dedans ? On a des flics frustrés, fatigués et qu'on incite souvent à se désengager et à fuir même... Alors la réplique de fermeté du gouvernement, elle est à double-tranchant pour nous ; nous, les policiers, il va falloir que nous fassions plus attention que jamais, parce que si nous sommes inquiétés par l'IGPN [Inspection générale de la police nationale], le ministre de l'Intérieur ne sera pas là pour nous tenir la main. Le fonctionnaire concerné sera tout seul.»