Le 4 avril, en simultané sur France 2 et France Inter, se déroulait le premier débat des élections européennes qui auront lieu fin mai. Après la polémique suscitée par Benoit Hamon, Florian Philippot et François Asselineau, qui avaient contesté leur éviction, douze candidats étaient réunis sur le plateau. Après que le tribunal administratif de Paris a sommé France 2 de recevoir ces trois candidats, le Conseil d’Etat a donné raison à la chaîne, qui a pour sa part décidé de maintenir son invitation. Lors de ce premier débat, le journaliste Thomas Sotto a proposé aux candidats de présenter un objet devant représenter leur vision de l'Europe.
C’est François Asselineau, de l’Union Populaire Républicaine (UPR), qui a ouvert le bal avec une paire de menottes affublée des étoiles européennes. «Il faut que les français comprennent que toutes les politiques stratégiques sont fixées par les traités européens d’une part et par le rapport annuel des grandes orientations des politiques économiques d’autre part», précise le haut fonctionnaire, avant de proposer sa solution pour s’extraire de ce carcan : une clef aux couleurs de l’Hexagone. Dans la foulée, un autre souverainiste, Florian Philippot (Les Patriotes), est lui venu sur le plateau avec une baguette de pain.
Raphaël Glucksmann et Jean-Christophe Lagarde ont tous deux apporté un morceau du mur de Berlin
«C’est un beau symbole de la France qui est devenu celui des méfaits de l’Union européenne. Chacun se souvient de l’augmentation forte des prix lors du passage à l’euro, dont la baguette était un symbole», rappelle le conseiller régional du Grand Est, anciennement député européen. Et lorsque le présentateur lui demande le prix de ladite baguette, la réponse est immédiate : «Entre 90 et 95 centimes selon les régions.» Ces deux candidats étaient les seuls à prôner la sortie immédiate de l’Union européenne, reprochant aux autres une volonté chimérique de réformer l’institution de l’intérieur.
Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national, avait quant à lui apporté une passoire représentant «l’Europe incapable de protéger les peuples» et la porosité de ses frontières extérieures. Le conseiller régional de 23 ans a profité de la tribune pour insister durant toute la durée du débat sur l’immigration et sur la nécessité d’un retour à des frontières nationales. Dans un autre registre, Benoît Hamon, candidat Génération.s, a présenté un gilet de sauvetage. «Celui que l’Europe a tendu aux banquiers responsables de la crise de 2008 [mais] pas à des milliers d’hommes et de femmes qui sont morts en Méditerranée», a poursuivi l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2017.
La tête de liste de la République en marche, Nathalie Loiseau, ex-ministre chargée des Affaires européennes, avait amené un pot de piment d’Espelette qui, selon elle, «a failli disparaître il y a 30 ans au profit des contrefaçon». Un symbole de «l’Europe qui respecte nos identités et défend nos producteurs», selon elle. L’ancienne directrice de l’ENA s’est trouvée plusieurs fois en difficulté durant le débat, notamment lorsque Manon Aubry, tête de liste de La France insoumise, l’a apostrophé à propos du glyphosate, mettant en avant que les députés de la majorité présidentielle avaient rejetté son interdiction dans les trois ans à venir, ou encore lorsque, de concert, les onze autres candidats ont demandé à Nathalie Loiseau dans quel groupe européen siégeraient les députés LREM en cas d'élection.
Manon Aubry a brandi un chèque de l’«Europe des riches», d’une valeur de 5 milliards d'euros, qui ont été selon elle «rendus» à ces mêmes riches et Ian Brossat, candidat pour le Parti communiste français, s’est lui présenté avec un bracelet de naissance afin de rappeler que les maternités, et plus globalement les services publiques, étaient en train de disparaître en France.
Yannick Jadot (Europe Ecologie Les Verts) est lui venu avec un pot de miel, symbole de la menace que font peser les pesticides sur la biodiversité, en particulier sur les abeilles.
Le candidat des Républicains, François-Xavier Bellamy a présenté L’Iliade et L’Odysée d’Homère, faisant valoir «le risque de fracturation communautariste qui menace notre société», insistant pendant une grande partie du débat sur le contrôle des flux migratoires. Nicolas Dupont-Aignan, candidat Debout la France, avait apporté une maquette miniature d’un Airbus représentant «L’Europe des projets» qui lui est chère, quand Jean-Christophe Lagarde (UDI) et Raphaël Glucksmann (Place publique, soutenu par le PS), ont tous deux apporté un morceau du mur de Berlin fustigeant ceux qui seraient tentés de «reconstruire des murs».
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