Sur le plateau de BFM TV le 20 mars, six responsables politiques débattaient au micro de Ruth Elkrief au sujet des gardes statiques de la force Sentinelle annoncées pour l'acte 19 des Gilets jaunes à Paris, aux abords des bâtiments publics. «Vous êtes devenus fous, vous allez mettre des militaires devant les bâtiments publics !», a tonné le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. Et d'ajouter : «C'est une erreur totale de faire ça !» L'insoumis a également appelé à la démission du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner. Les Républicains de Laurent Wauquiez et le Rassemblement national de Marine Le Pen en ont fait de même.
François Bayrou, président du Modem allié à la majorité, a pour sa part défendu les décisions prises par le gouvernement : «On est en train de présenter comme une idée scandaleusement révolutionnaire ce qui est dans toutes les gares, dans tous les aéroports. [...] Je considère que, quand vous avez des gens qui terrorisent, qui brûlent, qui mettent à sac... On a non pas le droit mais le devoir de se défendre.»
La marque de fidélité de François Bayrou pour l'exécutif serait-elle trop marquée pour Jean-Luc Mélenchon ? En tout état de cause, il a rétorqué au centriste : «Franchement, François Bayrou, je ne vous reconnais pas. Vous voilà maintenant pour que les militaires fassent le maintien de l'ordre ! [...] Et qu'est-ce qui se passe après, François [Bayrou] ? Ils tirent ? [...] C'est un métier la police !»
Dans une séquence inattendue, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont trouvé un point d'accord au cours de la soirée. Alors que la présidente du Rassemblement national se disait «très choquée» de l'emploi des militaires pour sécuriser Paris, elle a reçu le soutien de son ancien rival à l'élection présidentielle. «L'armée est contre un ennemi, elle est contre les terroristes qui sont des ennemis», s'est insurgée Marine Le Pen. Ce à quoi, à la volée, Jean-Luc Mélenchon a renchéri : «Voilà, pas contre le peuple»... Et le patron du Part socialiste de renchérir : «L'armée ? Quel symbole ! [...] Personne ne considère que l'armée de la République [puisse être] dressée contre le peuple Français. [...] Vous voulez réconcilier [les Français] ou augmenter leur colère ?», a-t-il envoyé aux deux représentants de la majorité, François Bayrou (Modem) et Stanislas Guerini (La République en marche).
Après l'acte 18 des Gilets jaunes en marge duquel les casseurs et le Black bloc ont sévi sur l'avenue des Champs-Elysées à Paris, le 16 mars, le gouvernement a décidé de nouvelles mesures de maintien de l'ordre et changé la hiérarchie en place à la préfecture de police de Paris avec de nombreux limogeages.