France

Les macronistes seraient moins enclins au complotisme (selon les spécialistes de certains complots)

Selon une récente enquête menée par la Fondation Jean Jaurès et l'observatoire Conspiracy Watch, les électeurs d'Emmanuel Macron seraient les moins enclins au complotisme. Mais le choix des théories du complot proposées était-il vraiment pertinent ?

Un an après une première enquête commune au cours de laquelle la Fondation Jean Jaurès et l'observatoire Conspiracy Watch n'avaient pas hésité à rassembler les partisans de l'hypothèse de l'implication de la CIA dans «l'assassinat de John F Kennedy à Dallas» avec ceux de la théorie d'une Terre plate, pour pointer «la prégnance du complotisme dans l’opinion publique française», les deux organisations remettent le couvert avec la publication, sur le site de l'Ifop, ce 6 février, d'«Enquête sur le complotisme - Vague 2».

Entre autres données présentées dans le rapport, il ressort notamment une résistance aux théories du complot chez les Français ayant voté Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017 ; à l'inverse, le document révèle une vulnérabilité au conspirationnisme au sein de l'électorat de Marine Le Pen, de Nicolas Dupont-Aignan ou encore dans celui de Jean-Luc Mélenchon.

En effet, si les auteurs du rapport expliquent que 21% des Français croient à «cinq théories [du complot] ou plus», il en serait ainsi de seulement 10% des électeurs d'Emmanuel Macron, contre 27% chez ceux de Marine Le Pen, 23% chez ceux de Nicolas Dupont-Aignan et 20% chez ceux de Jean-Luc Mélenchon.

Le document précise en outre que la perméabilité aux théories du complot est plus élevée «chez les moins de 35 ans, les moins diplômés et les catégories sociales les plus défavorisées».

Quid du complotisme des macronistes ?

Si, de son côté, Conspiracy Watch introduit l'enquête en mentionnant une «"manipulation" autour de l’attentat de Strasbourg», ne sont jamais évoqués - ni sur le site de observatoire, ni sur celui de la fondation Jean Jaurès, ni dans la version publiée du rapport sur le site de l'Ifop - d'autres théories du complot auxquelles adhérent des personnalités plutôt diplômées et proches d'Emmanuel Macron.

Au début du mois de décembre 2018, plusieurs élus macronistes n'avaient pas hésité à relayer une information selon laquelle le site «giletsjaunes.com» avait été créé peu après l'élection d'Emmanuel Macron par des Américains partisans de l'ex-conseiller de Donald Trump, Steve Bannon. Rien que ça.

Début février, sur France Inter, Marlène Schiappa, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, avait quant à elle fait part de soupçons, flirtant avec la paranoïa, à l'égard de «puissances étrangères qui finanç[aient] les casseurs et les violences urbaines dans Paris». 

Plus récemment, le président de la République en personne, selon une révélation du Point en date du 1er février, dénonçait une «manipulation» du mouvement des Gilets jaunes et de l'affaire Benalla par «des puissances étrangères», évoquant plus ou moins explicitement la Russie et RT France. De tels propos n'avaient pas manqué de faire réagir la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, celle-ci ayant annoncé le 4 février que la Russie avait transmis à la France une note officielle afin de savoir si les accusations rapportées dans les médias étaient la position «officielle» de Paris.

Gageons que si, parmi les «10 théories du complot» proposées aux sondés dans le cadre de leur enquête, la Fondation Jean-Jaurès et l'observatoire Conspiracy Watch avaient fait figurer des thèses telles que l'implication de la Russie dans l'affaire Benalla ou la planification du mouvement des Gilets jaunes par Steve Bannon, le taux d'électeurs d'Emmanuel Macron contaminés par le virus du complotisme eût été sensiblement plus élevé. A moins que certaines théories du complot ne soient plus acceptables que d'autres ?

Fabien Rives

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