La majorité est-elle en train de basculer dans une dérive sécuritaire, à travers son examen de la proposition de loi (Les Républicains) anticasseurs ? C'est en tout cas l'avis du député de la Marne Charles de Courson (Les Centristes), qui est monté au créneau contre un amendement du gouvernement voté dans la soirée du 30 janvier. L'amendement en question permet aux préfets de prononcer des interdictions de manifester. Cette prérogative était jusqu'à présent réservée aux juges, et sa modification dérange les défenseurs des libertés individuelles mais aussi une partie de l'opposition, les Insoumis et le Rassemblement national ayant pris position contre.
C'est la dérive complète ! On se croit revenu sous le régime de Vichy! Réveillez-vous ! C'est une pure folie de voter ce texte !
C'est pourtant le député centriste qui, face à un hémicycle clairsemé, a eu les mots les plus forts pour dénoncer cet amendement. «Une autorité administrative va priver un individu de sa liberté de circulation et de manifester, s'il y a une présomption des raisons sérieuses de penser – qui apprécie les raisons sérieuses, l'autorité administrative ? Hé bien allons-y – que son comportement constitue une particulière gravité pour l'ordre public», a-t-il expliqué. «C'est la dérive complète ! On se croit revenu sous le régime de Vichy! Réveillez-vous ! C'est une pure folie de voter ce texte !», s'est emporté ce descendant de résistant.
Défendu par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner comme un texte de «tolérance zéro contre les violences» visant à «stopper les brutes» et non dirigé contre les Gilets jaunes, la proposition de loi anticasseur soulève de nombreuses critiques, jusque dans les rangs de la majorité présidentielle.
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