France

«Meute d'irresponsables», «axe rouge-brun»... Le hashtag #BalanceTonGilet a deux mois

Lancé dès le début du mouvement citoyen, le hashtag #BalanceTonGilet, et une page Facebook du même nom, ont été employés pour dénoncer les débordements de Gilets jaunes – mais aussi pour les attaquer sur le plan politique.

Si les Gilets jaunes sont particulièrement présents et actifs sur les réseaux sociaux, on peut en dire de même de certains de leurs adversaires politiques. En témoignent l'emploi du hashtag #BalanceTonGilet et l'activité de la page Facebook «Balance ton gilet jaune».

Créée le 20 novembre 2018, cette dernière comptabilise mi-janvier quelque 5 000 abonnés, un chiffre plutôt modeste au regard de la place que continue d'occuper le mouvement citoyen dans l'actualité politique française

Deux mois après sa création, elle continue de multiplier les publications. Si certaines d'entre elles mettent en exergue des scènes de violence et de casse lors des actes successifs de la mobilisation, d'autres portent sur les affinités politiques prêtées à certains Gilets jaunes, mettant notamment la loupe sur des figures médiatisées du mouvement. Comme par exemple la publication, ce 16 janvier, d'un article de France Inter sur «les accointances de Maxime Nicolle avec le FN sur Facebook». «Les médias n'auraient jamais dû le présenter comme un citoyen apolitique», déplore ainsi un administrateur de la page.

#BalanceTonGilet : un hashtag utilisé parfois de manière militante

Outre cette page Facebook, un hashtag du même nom () a rapidement attiré l'attention de certains de nos confrères. Ainsi, quatre jours après la première mobilisation nationale, le 21 novembre 2018, le magazine L'Obs lui consacrait un article, présentant le hashtag comme un moyen pour les internautes de dénoncer les «dérives» et «débordements» de la mobilisation, alors, «en très net recul».

France Info se penchait également, le 21 novembre, sur la popularité du hashtag auprès d'une frange d'internautes, précisant qu'«une part non négligeable d'[entre eux] milit[ait] pour La République en marche».

L'analyse de l'utilisation du hashtag ces dernières semaines permet de constater que nombre de tweets ne se limitent pas aux constatations de violences ou autres actes répréhensibles pénalement, mais revêtent un caractère politique. Ainsi, une partie des utilisateurs du hashtag dénoncent la coloration politique qu'ils attribuent aux Gilets jaunes ou à leurs idées supposées.

Par exemple, début décembre, un commentateur s'affichant comme partisan de la République en marche employait le hashtag en évoquant une «meute d'irresponsables», alors qu'il retweetait une publication d'Aurore Bergé sur un discours du Premier ministre.

Mi-décembre, une internaute se présentant comme «anti-extrêmes» et arborant le hashtag LREM dans sa biographie, raillait, quant à elle, le taux de participation de l'acte 5, commentant : «On arrête quand cette mascarade ?»

Expliquant être un «cyber-militant» de la «team Macron», un autre internaute qualifiait dès le 21 novembre le mouvement des Gilets jaunes de «jacquerie anarcho-poujadiste pilotée par les extrêmes».

Entre autres exemples encore : ce commentateur qui s'inquiétait le 22 décembre d'un «axe Rouge Brun [voulant] tuer [s]a République».

La formule #BalanceTonGilet fait écho à #BalanceTonPorc, hashtag ayant émergé avec l'affaire Harvey Weinstein, et visant à encourager les témoignages de harcèlement ou d'agressions sexuelles. Ce phénomène avait, par la suite, soulevé des interrogations et critiques chez certains commentateurs, qui dénonçaient des dérives et une stigmatisation de la gent masculine.

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