La députée LREM de l'Oise Agnès Thill s'est attiré les foudres de ses collègues de la majorité après avoir suggéré que l'extension de la procréation médicalement assistée (PMA) favoriserait «l'éclosion d'écoles coraniques».
Agnès Thill a commenté le rapport de la mission de l’Assemblée nationale sur la bioéthique dans une lettre de neuf pages adressée aux députés de son camp. Le rapport rédigé par le député LREM Jean-Louis Touraine compte initier des changements majeurs au cours de l’examen du projet de révision des lois de bioéthique programmé d’ici l’été. Agnès Thill a estimé que ses conclusions franchissaient en quelques points la «ligne rouge».
La députée de l'Oise rappelle dans sa lettre son opposition à la PMA pour toutes, estimant que «satisfaire les adultes revient à ce qu’un être humain n’ait jamais la chance de connaitre ce qu’est d’avoir un père». Elle se déclare contre l'introduction d'un «parent d’intention», qui abolirait le genre, et transformerait le concept de père et mère en parent 1 et parent 2.
L’absence de genre dans le mot parent favorise l’éclosion d’écoles coraniques
Mais ces arguments classiques des opposants à la PMA pour toutes se doublent d'un raisonnement audacieux qui a fait polémique. «L’absence de genre dans le mot parent favorise l’éclosion d’écoles coraniques» pour nos «amis musulmans, que nous savons opposés à cet éloignement progressif des concepts de père-mère, homme-femme», estime-t-elle. Selon l'élue, ils vivraient «en créant un monde parallèle dans la République, où les choses sont comme ils veulent, eux, où un homme est un homme, une femme est une femme, un père est un père, une mère est une mère. Il n’y a pas, chez nos amis musulmans, de parent 1 et de parent 2».
Pour Agnès Thill, la recrudescence des inscriptions dans les écoles coraniques par rejet des établissements français considérés comme progressistes pourraient être «déconvenantes (sic), car enfin si on entre dans ces écoles enfants modérés, on en ressort adolescents moins modérés».
Il n’y a pas, chez nos amis musulmans, de parent 1 et de parent 2
La députée de la majorité Laurence Vanceunebrock-Mialon a affiché son indignation sur son compte Twitter : «Marre qu'une députée LREM puisse prononcer des propos homophobes et islamophobes aussi librement... Le courrier reçu par mes collègues et moi-même est un tapis de sottises qui stigmatise inutilement deux minorités. En France, il n'y a pas de "parallèle" à la République.»
«Agnès Thill doit, sans plus attendre, être exclue de LREM», a tweeté le député Aurélien Taché. Leur collègue Guillaume Chiche fustige les «dérapages à répétitions [...] inacceptables» de cette députée qu'il souhaite voir exclue de leur groupe.
Marie Lebec, nouvelle porte-parole des députés LREM, a jugé dans Libération la «lettre caricaturale, comme Agnès Thill peut l’être».
Agnès Thill s'est défendu dans la foulée d'avoir tenu des propos homophobes ou islamophobes.
Cette députée s'était déjà illustrée en tenant des propos polémiques liés à ces mêmes lois sur la bioéthique. Elle avait évoqué en novembre 2018 sur son compte Twitter un puissant lobby LGBT l'Assemblée nationale. Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, avait dénoncé des propos «inacceptables». Face à la colère de nombreux élus, Agnès Thill avait fini par s'excuser.
En novembre 2018, elle avait aussi fait parler d'elle en manifestant son opposition à l'euthanasie. Alors qu'un homme l'avait interpellée à ce sujet sur Twitter, elle avait répondu : «Le suicide n'est pas interdit en France.» En septembre 2018, Agnès Thill avait critiqué la religion musulmane sur Twitter avant d'effacer sa publication. «Sur les trois religions monothéistes, elle est la seule à ce point bipolaire : on y trouve un propos et son exact contraire. Là est le problème», avait-elle écrit.
Ces remarques lui ont valu une mise en garde du groupe LREM.